La pandémie a été un révélateur du génie humain, avec le développement de vaccins en un temps record, mais aussi de nos limites.
Science et politique ne font pas toujours bon ménage.
Ainsi donc, certains vaccins seraient préférables à d’autres, selon le Comité consultatif national de l’immunisation (CCNI) du gouvernement fédéral.
Il existerait une hiérarchie parmi les quatre sérums approuvés au pays. Ceux qu’on accepte de « préférence », Pfizer et Moderna, et les autres, soit AstraZeneca et Johnson & Johnson.
Le problème, c’est que tout le monde nous répète depuis des semaines que le meilleur vaccin est le premier qu’on nous propose.
C’est ce qu’ont continué de marteler Justin Trudeau et ses ministres, hier. Le malaise se lisait sur leur visage.
Avons-nous affaire à une véritable polémique ou à une tempête dans un verre d’eau ?
D’un point de vue de la communication, il s’agit d’une belle bourde de la part du CCNI.
Lundi, ce comité indépendant a décrété qu’il peut être judicieux d’attendre qu’un vaccin Pfizer ou Moderna soit disponible près de chez soi avant de se faire vacciner.
Cela envoie plusieurs mauvais messages.
De un, la COVID-19 n’est-elle pas assez grave pour que cela vaille la peine de se faire vacciner le plus tôt possible ?
De deux, que doivent penser les quelque deux millions de Canadiens qui ont déjà reçu le vaccin AstraZeneca ?
De trois, de façon générale, le CCNI alimente la confusion en adoptant un discours à contre-courant des gouvernements et des autorités sanitaires.
Quelles conséquences ?
En espérant que les conséquences de cette bourde soient limitées, ce qui pourrait bien être le cas.
D’ailleurs, le ministre de la Santé du Québec, Christian Dubé, n’en a pas fait grand cas, compte tenu du fait que les livraisons prévues sont essentiellement composées de vaccins Pfizer et Moderna dans les semaines à venir.
La question est de savoir si la fâcheuse déclaration entraînera, concrètement, un retard dans la vaccination.
Cela dit, je ne crois pas qu’il faut jeter le bébé avec l’eau du bain et crucifier le CCNI.
Ce comité fournit des avis fondés sur les meilleures données disponibles sans mettre de gants blancs. Son message est peut-être malhabile, mais on ne pourra pas l’accuser de manquer de transparence.
Objectivement, nous ne faisons pas face à une épidémie, mais à des épidémies. Le risque de contracter la COVID n’est pas le même selon qu’on se trouve à Toronto ou dans le fond d’un rang au Nouveau-Brunswick.
Magasiner son vaccin peut donc paraître légitime dans certaines circonstances. C’est l’argument du CCNI, qui rappelle que les vaccins d’AstraZeneca et de Johnson & Johnson peuvent créer dans de rarissimes cas de graves caillots sanguins.
La pandémie a été un révélateur du génie humain, avec le développement de vaccins en un temps record, mais aussi de nos limites.
La science a changé d’avis plus souvent qu’on ne l’aurait aimé, dans les derniers mois. Parions que ce n’est pas la dernière fois qu’elle crée des malaises.