Guillaume St-Pierre Mardi, 13 août 2019 05:00
On savait déjà que les partis politiques font des pieds et des mains pour ficher les électeurs. Le Parti conservateur du Canada va encore plus loin... dangereusement loin.
Dans un dossier de notre bureau d’enquête publié ce weekend, le journaliste Hugo Joncas écrit que les conservateurs d’Andrew Scheer se servent d’une application controversée pour aller chercher les données personnelles des électeurs. L’app en question est en quelque sorte un réseau social où les gens aux accointances conservatrices peuvent jaser en paix, dans leur bulle, sans interférence idéologique.
Données utiles
Cette application comporte des fonctionnalités qui font sourciller. Surtout lorsqu’on sait qu’elle a servi à Donald Trump, le mouvement antiavortement américain et la National Rifle Association (NRA).
On dit qu’en politique, l’argent est le nerf de la guerre. Depuis quelques années, se sont ajoutées à cette courte liste les données sur l’électorat. Les deux sont en fait liés.
Les partis politiques dépensent une fortune afin de mieux cibler leurs électeurs potentiels en période électorale. Rappelons que les Canadiens seront appelés aux urnes le 21 octobre prochain.
C’est dans cette logique que le Parti conservateur a adopté CPC App, une version de plateformes conçues à Washington destinées essentiellement aux républicains et à la droite.
L’outil offre le pouvoir au parti de mettre la main sur la liste de contacts de ceux qui s’inscrivent à leur réseau social. Ceux qui se retrouvent sur cette liste n’ont pourtant jamais donné leur consentement pour voir ainsi un parti politique aspirer leurs données.
Vie privée
Un porte-parole conservateur, Cory Hann, jure que le parti n’a pas activé la fonctionnalité de l’application lui permettant de soutirer ces informations. La politique de confidentialité de la plateforme indique pourtant clairement le contraire.
On doit donc lui donner le bénéfice du doute. Mais le seul fait que les conservateurs possèdent ce pouvoir au bout des doigts a de quoi inquiéter.
Surtout que les partis politiques ne sont soumis à aucune loi de protection de la vie privée au Canada. Une véritable aberration à laquelle le prochain gouvernement doit s’engager à remédier.