Joseph Facal Samedi, 1 août 2020 05:00 - Il y a certes du racisme au Québec. Toute la question est de savoir où le Québec se situe dans une échelle comparative des sociétés.
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Depuis quatre siècles, le Québec a accueilli des cohortes successives d’immigrants venus d’Irlande, d’Italie, de Grèce, d’Amérique latine, du Vietnam, d’Haïti, du Maghreb, etc.
Dans leur immense majorité, ils n’ont pas ensuite quitté ce pays pour d’autres contrées, parce que dégoûtés par le traitement subi ici.
Beaucoup y ont trouvé non seulement des opportunités économiques, mais une liberté pour dire des choses qui, dans leur pays d’origine, auraient mis leur vie en péril.
J’en sais quelque chose. Ma famille et moi sommes arrivés de l’Uruguay avant le coup d’État de 1973.
Bonne foi
La discussion en cours est surtout centrée sur nos concitoyens d’origine africaine plus ou moins lointaine.
Plusieurs ont marqué notre histoire de mille manières : Jackie Robinson, Dany Laferrière, Boucar Diouf, Dominique Anglade, Oscar Peterson, P.K. Subban, Gregory Charles, Normand Brathwaite, Maka Kotto, etc.
Cela ne veut évidemment pas dire qu’eux ou les moins connus n’ont pas subi de racisme.
Cela ne veut pas dire qu’il ne faille pas être attentif à sa dimension souvent subtile et insidieuse.
Mais il est évident, si l’on a deux sous de bonne foi, que le racisme chez nous n’a pas la dimension fondatrice, structurelle, centrale qu’il a eue et continue d’avoir aux États-Unis.
Les Pères fondateurs des États-Unis possédaient des esclaves et une guerre civile atroce déchira le pays autour de cette question centrale.
Est-ce trop demander que de faire la part des choses ? Apparemment oui, pour tous ceux qui importent ici les grilles d’analyse venues des États-Unis.
Ils voudraient dorénavant voir tout et chacun à travers le prisme de la couleur de peau : les mots, la pensée, les emplois, la culture, qui a le droit de parler de quoi, etc.
On ne veut plus dépasser ces catégories, mais s’y enfermer. Curieusement, les mêmes louangent la « diversité » et « l’ouverture ».
Pourtant, ces « affreux » Québécois de lointaine descendance française et à la peau blanche se sont fait dire « Speak white ! » par le colonisateur britannique.
En 1807, ceux de Trois-Rivières élirent un juif, Ezekiel Hart, pour être leur député.
Quand il fut chassé de l’Assemblée parce que les lois britanniques interdisaient à un juif d’occuper cette fonction, ils revotèrent pour lui l’année suivante.
Le rapport Durham de 1839 proposa l’assimilation de ce peuple et tout fut mis en œuvre pour y parvenir.
De lui, Pierre Vallières a écrit qu’ils étaient « les Nègres blancs d’Amérique » en 1970.
Injuste
Bref, ce peuple imparfait aurait eu bien des raisons de se refermer et de devenir mesquin. Et pourtant, non.
Et il continue à accueillir un des pourcentages les plus élevés au monde d’immigrants en proportion de sa population.
La prochaine fois que vous verrez quelqu’un traiter les Québécois au grand complet de racistes, demandez-vous : Dans quel but ? Que vise-t-il ? Ignorance ou stratégie ?
Lutter ensemble contre le racisme ? Oui.
Plier devant l’intimidation intellectuelle, les accusations injustes et les appels à la censure ? Non.
Et s’excuser d’être blanc ? Encore moins.