Mario Dumont Samedi, 15 février 2020 05:00 - Un humoriste veut devenir premier ministre. Y a-t-il de quoi rire ? Certains y verront un autre symptôme de la déconfiture du Parti québécois.
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D’autres accuseront l’artiste d’utiliser le retentissement public d’un engagement politique pour mousser sa popularité. Je ne partage rien de cela.
Toute personne qui s’engage en politique faisait autre chose avant. Existe-t-il un métier qui prépare mieux à la politique ? Avocat ? Médecin ? Enseignant ? Syndicaliste ? Chacun arrive avec son bagage de forces et de connaissances. Et certains points faibles. Par exemple, les avocats manient les lois, mais ne sont pas toujours les champions des finances.
Je serai clair : un humoriste cultivé, informé et depuis toujours à l’affût des enjeux publics a toute la légitimité pour devenir un candidat politique sérieux. C’est le cas de Guy Nantel. Sa candidature est crédible et doit être considérée comme telle. Il doit être jugé sur les idées qu’il met de l’avant et sur sa capacité à les défendre.
Première impression
Sa première prestation à titre de politicien avait de quoi impressionner. Il s’est présenté devant la presse, solide, à la fois confiant, mais humble, et surtout en pleine maîtrise de ses contenus. Qu’on soit d’accord ou non avec ses idées, son discours d’introduction sans notes démontrait un aplomb certain.
Dans ses réponses aux journalistes, il a même osé ressortir la carte humoristique. Sa référence au fait qu’un professeur de théâtre soit devenu premier ministre du Canada a coupé court aux questions sur son statut d’humoriste en politique.
Qu’on le veuille ou non, la notoriété constitue un énorme atout dans la réalité des communications politiques de 2020. Guy Nantel est au moins aussi connu que l’ancien ministre Sylvain Gaudreault et nettement plus que les deux autres candidats. Sa présence rehausse le profil de la course au PQ et gonfle l’intérêt de celle-ci dans l’esprit de bien des Québécois, incluant des plus jeunes.
Sa candidature comporte néanmoins certaines faiblesses. S’il présente avec aisance des idées sur l’identité, la langue et l’indépendance, on se demande s’il aura une vision aussi limpide sur un thème crucial comme l’économie. Et sur un sujet où il est moins ferré, saura-t-il réunir autour de lui des personnalités crédibles et compétentes ?
Les appuis
D’ailleurs, voilà un volet absent de son annonce d’hier : des appuis. On ne peut pas tout faire le premier jour, mais un chef potentiel doit pouvoir montrer un entourage de penseurs et de gens qui jouissent d’une expérience politique.
Finalement, le candidat Nantel l’avoue lui-même. Il n’a aucun vécu politique. Il ne connaît ni l’Assemblée nationale, ni les congrès politiques, ni les rouages de cette bibitte qu’est le PQ. Peut-il tourner la chose à son avantage en cette époque où la politique dite « vieille » pue au nez de plusieurs ? Pas impossible.
La course au PQ prend une nouvelle tournure. Quatre candidats bien campés. Quatre expériences de vie totalement différentes. Des divergences idéologiques. Un résultat totalement imprévisible. Une course à suivre.