L’imputabilité des autres - Réjean Parent

Imputer la faute aux autres, c’est commode pour un politicien ! Sur la photo, le premier ministre François Legault et le ministre de la Santé Christian Dubé.

CA_Réjean-Parent Réjean Parent Dimanche, 23 août 2020 05:00

https://www.journaldemontreal.com/2020/08/23/limputabilite-des-autres

Les contrats de performance, les redditions de compte et l’imputabilité ont toujours été dans les marottes de François Legault. 

De tels dadas donnent l’apparence de rechercher une plus grande efficacité. Toutefois, on peut en douter en observant les acrobaties du premier ministre pour se soustraire à une enquête indépendante sur sa gestion de la pandémie.

L’imputabilité proclamée ces derniers jours prend l’allure de désignation préventive d’éventuels boucs émissaires pour une seconde vague qui deviendrait aussi meurtrière que la première.

La nouvelle gestion publique

À la décharge des ministres caquistes, ils ne sont pas les premiers et probablement pas les derniers politiciens à vouloir faire porter l’odieux sur les employés lorsque les problèmes surgissent.

Parallèlement au désengagement de l’État et aux politiques d’austérité, les gouvernements successifs ont adopté la gestion axée sur les résultats depuis le milieu des années 1990. 

Cela signifiait de plus grandes attentes en regard des missions de l’État avec moins de ressources pour les réaliser tout en faisant porter les échecs sur les épaules du personnel. 

Paradoxalement, la vogue pour la reddition de compte a entraîné un accroissement du nombre de cadres pendant qu’on réduisait le nombre de travailleurs en service direct à la population.

Les hauts cris des ministres sur la future imputabilité des cadres du réseau de la santé dans une seconde vague de la crise sanitaire constituent aussi un blâme sur leurs actions pendant la catastrophe printanière et un moyen commode de se dédouaner quant à leurs responsabilités.

La gestion désastreuse

Le plan présenté par le ministre Dubé pour corriger les erreurs observées dans le réseau de la santé et faire face à la seconde vague se révèle très bien articulé et ciblé. 

Habilement, le ministre énonce les manquements survenus dans la première comme s’ils étaient le fruit d’agents extérieurs alors qu’ils ont souvent découlé de mauvaises décisions gouvernementales.

Le Québec détient le bilan le plus catastrophique des provinces canadiennes. Si nous étions un pays, nous figurerions parmi les pires en termes de ratio d’infections et de mortalités.

Plusieurs des carences mentionnées pour le Québec n’ont pas été observées ou ont été corrigées dès les premiers signes de la pandémie dans les autres provinces. 

On peut aisément en déduire un manque de prévoyance et beaucoup d’improvisation dans la gestion de la crise de la part de nos autorités.

Messieurs Legault et Dubé planifient aujourd’hui une chasse aux sorcières en cas d’un nouveau dérapage sans même vouloir de leur côté affronter un examen neutre et indépendant de leur gestion erratique de la crise avec toutes ses conséquences.

Le mandat donné à la commissaire à la santé de faire enquête prend rapidement l’allure de sauver les apparences, lorsqu’on tient compte du peu de pouvoirs dont elle dispose et qu’elle est nommée par le Conseil des ministres.

Difficile de crier à l’imputabilité des autres quand on s’obstine à ne pas assumer la sienne. Ainsi vont les ministres caquistes !

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