Sommes-nous capables de changer? - Richard martineau

Richard Martineau Samedi, 11 avril 2020 05:00 « Tout va changer ! Il y aura un avant et un après ! », répète-t-on depuis quelques jours. 

https://www.journaldemontreal.com/2020/04/11/sommes-nous-capables-de-changer

Vous y croyez ? Vous pensez vraiment que tout va changer et que rien ne sera plus comme avant ? 

C’est exactement ce qu’on disait au lendemain des attaques du 11 septembre. 

Or, vous voyez quelque chose qui a changé aux États-Unis, vous ? 

C’est le même pays, le même peuple. 

Avec les mêmes qualités et les mêmes défauts. 

ICI, MAINTENANT 

Quand on est au cœur d’une crise, on se dit que tout va changer, après. 

Et puis la crise se résorbe, son souvenir s’éloigne dans le rétroviseur de notre mémoire, et on reprend peu à peu nos vieilles habitudes. 

Chassez le naturel, il reviendra au galop.  

Alors, pardonnez mon scepticisme, mais cette promesse d’un nouveau départ, je la prends avec un gros grain de sel.  

C’est un beau souhait, un joli rêve, comme dans la magnifique chanson de Michel Fugain, qui m’émeut chaque fois que je l’entends : 

« Tout va changer ce soir / Selon notre bon vouloir / Les rues seront des théâtres / On jouera sur les trottoirs « Tout va changer demain / D’hier, il ne reste rien / Qu’on allume des millions de chandelles / Ce soir la vie est belle... » 

Ça ne veut pas dire que je ne veux pas que ça change, cela dit.  

Bien sûr que je le souhaite.

Savez-vous quel changement j’aimerais voir ?  

Une chose, une seule chose : qu’on apprenne à planifier à long terme.  

Parce que, maintenant, on n’est pas capable de voir plus loin que le bout de notre nez.  

C’est toujours « Ici, maintenant. » 

Comme dit le proverbe : « La différence entre un politicien et un chef d’État est que le premier pense à la prochaine élection alors que le second pense à la prochaine génération. » 

UN RAPPORT TABLETTÉ 

Ça fait longtemps que les spécialistes tirent la sonnette d’alarme concernant les risques d’une pandémie.  

Comme le journaliste Louis-Samuel Perron l’écrivait dans La Presse hier, en 2006, l’Agence de la santé publique du Canada a publié un rapport de 600 pages demandant au gouvernement de prendre les mesures nécessaires afin de protéger adéquatement les Canadiens contre un virus qui balaierait le Canada en quelques semaines ! 

Il faut que le gouvernement achète des masques, des blouses, du matériel médical afin d’éviter une éventuelle pénurie, disaient les auteurs du rapport.  

Les a-t-on écoutés ? Non. 

Ce rapport volumineux (qui a certainement coûté la peau des fesses) a été rangé sur une tablette. Comme la plupart des rapports commandés par nos élus.  

VOULONS-NOUS CHANGER ? 

Cela dit, c’est facile de blâmer le gouvernement. 

Mais comment aurions-nous réagi si, il y a 14 ans, le gouvernement fédéral ou provincial avait dit : « On va dépenser des millions de dollars pour acheter des masques destinés à nous protéger d’un virus ? » 

On aurait déchiré notre chemise, en disant : « Voyons, ce n’est pas nécessaire ! Regardez la supposée crise du H1N1, on a acheté des millions de masques et de vaccins, et il ne s’est rien passé ! » 

Nous avons des gouvernements qui ne prévoient pas à long terme parce que NOUS ne prévoyons pas à long terme !  

Sommes-nous prêts à changer ? 

Je l’espère...

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