Quand un combat en cache un autre - Richard Martineau

Richard Martineau Mercredi, 17 juin 2020 05:00 - J’écrivais l’autre jour que le mouvement antiraciste se divise en deux.

https://www.journaldemontreal.com/2020/06/17/quand-un-combat-en-cache-un-autre

D’un côté, les réformistes qui veulent améliorer le système, de l’autre, les révolutionnaires qui veulent le jeter à terre. 

De même, on pourrait dire que deux combats antiracistes se déroulent en parallèle au Québec, actuellement. 

Un combat qui veut faire disparaître le racisme.

Et un combat qui cherche à imposer le multiculturalisme.

Autant le premier m’apparaît légitime et essentiel, autant le second m’apparaît odieux. 

MULTICULTURALISME ET DIVERSITÉ

Lutter contre le racisme ? Bien sûr !

Qui est contre la vertu ? 

Il n’y a pas de place pour le racisme au Québec, ni dans les forces de l’ordre ni ailleurs. 

Il faut le répéter, le marteler. Sensibiliser la population et, s’il le faut, punir sévèrement les contrevenants.

Mais quand on me dit que la loi 21 (qui vise la religion, c’est-à-dire un ensemble d’idées qui n’est pas inscrit dans nos gènes, contrairement à la couleur de la peau) est raciste, désolé, mais là, je me braque. 

Et je me pose une question.

Qu’est-ce qu’on veut, en s’attaquant de la sorte à une loi modérée qui reçoit l’appui de 70 % de la population ?

Lutter contre le racisme, comme on le dit... ou imposer le multiculturalisme ?

Car ce n’est pas du tout la même chose. 

On peut fort bien être CONTRE le racisme et CONTRE le multiculturalisme !

Rejeter le multiculturalisme ne veut pas dire se fermer aux autres et s’opposer à la diversité, comme le prétendent certains. Ça veut dire s’opposer à une idéologie, à un modèle politique, à une façon de gérer la diversité.

Il n’y a pas qu’une façon de gérer le vivre-ensemble. Il y en a plusieurs, dont deux principales.

Le multiculturalisme, qui dit aux immigrants : restez dans votre communauté et gardez vos valeurs, vos habitudes, vos façons de faire. 

Et l’interculturalisme, qui dit aux immigrants : intégrez-vous et adoptez nos valeurs, nos habitudes et nos façons de faire. Sans pour autant oublier votre culture d’origine. 

Le Canada privilégie le multiculturalisme (pour employer une métaphore textile : la courtepointe, une couverture composée de carrés de différentes couleurs qui se juxtaposent, mais ne se mélangent pas). 

Et le Québec, l’interculturalisme (une couverture tissée avec des fils et des bouts de laine de différentes couleurs qui forment un tout cohérent).

Ça ne veut pas dire que le Québec est moins ouvert à la diversité que le Canada. 

Juste que le Québec a choisi une autre façon de gérer le vivre-ensemble, qui tient compte de sa fragilité et de son statut minoritaire. 

LA RELIGION MULTICULTURELLE

Or, on a l’impression que pour plusieurs antiracistes radicaux, il n’y a qu’une façon de gérer la diversité : le multiculturalisme.

Tu n’appuies pas cette idéologie ? Tu es raciste, point.  

Pour ces militants, si le Québec veut prouver qu’il n’est pas raciste, il doit embrasser le multiculturalisme canadien et abandonner l’interculturalisme – un modèle qui, à leurs yeux, n’est qu’une forme de colonialisme déguisé. 

Or, désolé, mais là, je décroche.

Lutter contre le racisme, oui, certes.

Mais nous fondre dans le grand tout canadien et nous agenouiller devant la Charte ?

Non, merci. 

On peut lutter contre le racisme sans se renier pour autant. 

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