Que va-t-on fêter le 24? - Richard Martineau

Richard Martineau Mardi, 16 juin 2020 05:00 : Quand j’étais jeune, la Saint-Jean avait une signification particulière. 

https://www.journaldemontreal.com/2020/06/16/que-va-t-on-feter-le-24

On célébrait la nation québécoise, l’endurance et la persévérance du peuple québécois, qui avait réussi non seulement à survivre, mais aussi à s’épanouir malgré tous les obstacles – naturels et politiques – qui ont entravé son chemin au fil des siècles. 

LA FÊTE DU SOLSTICE D’ÉTÉ

Pas étonnant que tous les gens présents à la fête de la Saint-Jean en 1975 aient eu la chair de poule quand Ginette Reno a chanté Un peu plus haut, un peu plus loin de Jean-Pierre Ferland. 

On se reconnaissait dans cette chanson, elle nous parlait, elle racontait notre histoire collective ! 

Ce n’était plus une simple chanson d’amour, c’était un hymne politique ! Qui racontait non pas l’émancipation d’un individu après une séparation amoureuse, mais l’émancipation d’un peuple après une séparation politique !

C’était important, la Saint-Jean, à cette époque !

Le Québec chantait sa fierté, sa culture, son histoire, ses racines, ses rêves !

Mais aujourd’hui que les mots « nation » et « peuple » sont devenus radioactifs (« nationalisme » est synonyme de « fascisme » et « peuple » de « populisme »), maintenant que le rouleau compresseur de la Charte à Trudeau a tout écrasé sur son passage, maintenant que le simple fait de vouloir défendre notre langue est considéré comme intolérant, qu’est-ce qu’on célèbre à la Saint-Jean ?

Le début de l’été ? 

Ou, cette année, la fin du confinement ?

UNE FÊTE VIDÉE DE SON SENS

Vraiment, je vous le demande...

Vous voyez une différence entre les célébrations de la Saint-Jean et celles du Jour du Canada, vous ?

Moi, de moins en moins...

Maintenant qu’on a vidé la Saint-Jean de sa signification politique, maintenant qu’on ne peut même plus murmurer le mot « nation » sans se faire regarder de travers, maintenant qu’on se sent obligé de chanter Gens du pays en 13 langues pour prouver au reste du monde que nous ne sommes pas une bande de méchants xénophobes, la Saint-Jean n’est plus que l’ombre d’elle-même...

J’aime la diversité, je trouve que c’est une richesse, je suis fier de voir des gens de toutes couleurs et de toutes origines sur la scène de la Saint-Jean, je suis content de voir que Didier Lucien est le porte-parole de la fête, comme j’étais content de voir Normand Brathwaite l’animer toutes ces années...

Mais on dirait que la diversité est la seule chose qu’on peut célébrer, le 24 juin. 

Tous les autres sujets sont tabous.

La défense du français ? Discriminatoire pour les anglophones et les allophones !

La défense de la laïcité, une valeur qui est au cœur du Québec moderne ? Discriminatoire pour les sikhs, les juifs et les musulmans !

Célébrer nos racines, notre histoire ? Discriminatoire pour les nouveaux arrivants !

Alors, il reste quoi ?

C’est quoi, la Saint-Jean ?

Une occasion de prendre une bière ?

UN ÉTAT POSTNATIONAL

Pour Trudeau fils, le Canada n’est qu’un hôtel, un territoire vierge de tout passé. Un regroupement de millions de personnes reliées par une charte. 

Le Québec ressemble de plus en plus à ça.

Il ne s’agit pas de nous recroque-viller sur nous-mêmes.

Mais si nous ne célébrons pas qui nous sommes, si nous ne célébrons pas notre héritage, qui le fera ?

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