Emmanuelle Latraverse Dimanche, 21 juin 2020 05:00- Le premier ministre François Legault et le directeur national de santé publique, Horacio Arruda, se rendant à un point de presse, à Québec.
Un mètre, 1,5 mètre, 2 mètres, le 10-3-2, mini-bulle scolaire, difficile de reprocher au public un relâchement dans le respect des consignes.
C’est sans parler du masque ! Son port est obligatoire dans les trains, les avions, mais pas dans le transport en commun à Montréal.
Le pire dans tout ça, c’est que la santé publique nous dit se fonder sur la science.
Or, si l’on a appris une chose pendant cette pandémie, c’est que la science de la COVID-19 est incomplète, souvent contradictoire et en constante évolution.
À ce sujet, l’enjeu de la réouverture des écoles en septembre prochain est on ne peut plus éloquent.
Le test des écoles
Les parents québécois ont poussé un soupir de soulagement collectif en apprenant que les classes reprendront à temps complet dès la rentrée.
Les enfants sont enfin promis à une normalité relative. Un apprentissage régulier, encadré prendra le relais de la course à obstacles de la conciliation télétravail-apprentissage à distance !
Or, en Ontario, c’est tout le contraire.
Chaque commission scolaire tranchera au mois d’août parmi trois scénarios : apprentissage en classe, à distance ou un mélange des deux.
Un casse-tête monumental en perspective que le premier ministre Doug Ford défend en invoquant que « la sécurité de nos enfants restera toujours au premier plan ».
Or, qui a raison ? Le Québec ou l’Ontario ?
Les choix politiques de retour
Il ne s’agit pas ici de remettre en question l’expertise du Dr Arruda et de son équipe, au contraire.
Mais les approches fondamentalement différentes des unes et des autres imposent un constat.
En temps de déconfinement, la science du coronavirus n’a plus entièrement le haut du pavé dans les décisions. Elle est en concurrence avec une priorité majeure : redessiner une nouvelle normalité.
Le confinement a fait assez de dommages. Il faut maintenant relancer l’économie, protéger le droit à l’éducation des enfants, sauvegarder notre santé mentale collective.
Alors on ajuste la science.
La santé publique doit trouver des solutions aux choix politiques du gouvernement.
Elle a donc trouvé une façon de nous permettre de revoir nos proches et amis, trouvé une façon de rouvrir les écoles, trouvé une façon de rouvrir les commerces et les restaurants.
Or, à force de « trouver des façons » et de les défendre aux côtés de la classe politique, la santé publique joue sa crédibilité.
La réalité des débuts, elle, n’a pas changé. Il n’y a rien comme 2 mètres de distance.