Vaccination obligatoire: pourquoi encore hésiter? Josée Legault

Josée Legault - Partout, le variant Omicron se propage à la vitesse de l’éclair. Au Québec, l’accès élargi à la troisième dose de vaccin

traînant toutefois de la patte, l’impatience, comme je l’expliquais hier, gagne nécessairement du terrain. 

Elle vise en partie les personnes non vaccinées. Face à une hausse vertigineuse des cas de COVID-19, le problème est que 11 % des Québécois admissibles à la vaccination sont non vaccinés, mais comptent pour la moitié des hospitalisations.

Notre système de santé étant déjà un des réseaux publics les plus fragiles en Occident, cet afflux de non-vaccinés provoque en même temps de multiples délestages en chirurgie et en dépistage de maladies en tous genres.

Ce qui veut dire ceci : dans quelques mois ou années, des milliers de Québécois, dont la plupart auront fait leur devoir citoyen de se faire vacciner contre la COVID, paieront néanmoins ces délestages de leur propre santé ou de leur vie. 

D’où la colère montante contre les non-vaccinés. D’où aussi ces idées, intenables dans une société avancée, de faire payer les non-vaccinés pour leurs soins, directement ou par impôt spécial.

L’autre idée est d’étendre le passeport vaccinal aux succursales de la Société des alcools du Québec (SAQ) et de la Société québécoise du cannabis (SQDC).

Le Journal rapportait hier que le gouvernement Legault, sous haute pression de l’opinion, y songerait. Cela risquerait pourtant d’être un autre coup d’épée dans l’eau.

Un « choix » permis

La réalité est qu’après 22 mois de pandémie, les non-vaccinés – incluant des milliers de soignants – le sont par choix. Un choix qui, soit dit en passant, est tout à fait permis par les autorités politiques.

Qui plus est, les moyens de se procurer de l’alcool ne manquent pas non plus. Incluant les épiceries et dépanneurs, non soumis au passeport vaccinal. Quant au cannabis, il y a toujours le marché noir.

Donc, soit le gouvernement Legault étend le passeport vaccinal entre autres aux centres commerciaux, épiceries, dépanneurs et boutiques de bières artisanales. Auquel cas, les non-vaccinés trouveront le moyen de s’en procurer ailleurs.

Soit le gouvernement a recours à l’article 123 de la Loi sur la santé publique, selon lequel, en état d’urgence sanitaire, il peut « ordonner la vaccination obligatoire de toute la population ou d’une certaine partie de celle-ci contre la variole ou contre une autre maladie contagieuse menaçant gravement la santé de la population ».

Et pour les entêtés ?

Et pour les entêtés sans raison médicale valable ? Selon l’article 126, si une personne refuse la vaccination ordonnée, « tout juge de la Cour du Québec ou des cours municipales des villes de Montréal, Laval ou Québec ayant compétence dans la localité où se trouve cette personne, peut lui ordonner de s’y soumettre ».

Rappelons aussi que dans notre réseau de santé au bord de l’éclatement, des milliers de soignants, auxquels le gouvernement s’est refusé d’imposer la vaccination par crainte de « bris de services », sont toujours non vaccinés.

Or, les soignants sont aujourd’hui plus de 11 000 à manquer à l’appel, malades ou en isolement forcé. L’art d’avancer vers l’arrière.

Bref, dans le contexte exceptionnellement fragile du Québec, pourquoi hésiter à décréter la vaccination obligatoire des 11 % de récalcitrants ? 

Doublée entre autres d’une accélération réelle de la troisième dose, d’une vraie bonification de la ventilation des lieux publics fermés et d’une distribution massive de masques de type N95, tout cela n’aurait-il pas de meilleures chances de mieux protéger les Québécois et leur pauvre système de santé ?

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