Ces femmes et ces hommes qui nous nourrissent, y compris les gérantes et gérants d’épicerie, méritent respect et reconnaissance.
Josée Legault Mercredi, 1 avril 2020 05:00 - Ces femmes et ces hommes qui nous nourrissent, y compris les gérantes et gérants d’épicerie, méritent respect et reconnaissance.
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La réalité est ce qu’elle est. Ce maudit virus va nous bouffer nos jours et nos nuits pour un sacré bon bout de temps. Lors d’une séance d’information donnée aux journalistes, les autorités de la santé publique l’ont confirmé. Combien de temps encore ? Bien malin le devin qui oserait s’y aventurer.
Il fut un temps où la « quarantaine », c’était tout simplement la décennie qui séparait nos 40 et 50 ans.
À l’ère du coronavirus, le mot devient synonyme de confinement et rejoint notre nouveau lexique d’état de siège collectif et individuel : distanciation sociale, isolement, lavage de mains, endiguement, éclosions, etc.
Sauf pour quelques autruches, nous vivons le deuil de nos vies de l’avant-COVID-19. D’autres la perdent brutalement. Pour se garder un minimum d’hygiène mentale, on se confectionne des arcs-en-ciel dans l’espoir d’éventuels jours meilleurs.
D’autres, aînés, handicapés, isolés, abandonnés, prisonniers d’éclosions dans des résidences devenues forteresses, sont autrement occupés à dépérir, physiquement et émotivement.
Comme si la COVID-19 était la lèpre du XXIe siècle.
Suite incertaine
Inquiets ? Que oui ! En plein combat contre une pandémie, les pouvoirs publics de l’Occident tout entier – le continent le plus riche du globe – se révèlent même incapables d’assurer au personnel médical et aux citoyens des équipements aussi vitaux que des masques, gants, etc.
J’y reviendrai.
En attendant une suite incertaine, la vie continue, mais autrement. Se nourrir demeure toutefois le besoin le plus essentiel. Pour tous ceux et celles qui, bien avant le virus, se privaient déjà par manque de revenus, les autorités les dirigent vers les banques alimentaires.
Comme constat d’échec social, difficile de faire plus clair.
Pour les autres, y compris des millions de nouveaux chômeurs au pays, l’épicerie prend une toute nouvelle importance. Dans nos villes et villages, c’est d’ailleurs au risque de leur propre santé que les employés y travaillent plus fort que jamais.
Respect et reconnaissance
Dans ma propre épicerie de quartier, comme partout ailleurs, ils bossent sans arrêt.
Livraisons, appels, approvisionnements à renouveler quotidiennement, mesures extra d’hygiène, plexiglas devant les caissiers-caissières, limite du nombre de clients présents dans l’épicerie, etc.
Sans compter leur immense patience quand certains clients, eux-mêmes hyper anxieux, trouvent le moyen d’engueuler les employés. Ces femmes et ces hommes qui nous nourrissent, y compris les gérantes et gérants d’épicerie, méritent grand respect et infinie reconnaissance.
Lundi, le premier ministre François Legault annonçait la fermeture de certains commerces les dimanches, dont les épiceries. L’objectif est de donner une période de repos aux employés. L’intention est en effet bonne, mais est-ce vraiment une bonne idée ?
Ces employés sont déjà débordés de toutes parts. Cette journée de fermeture ne risque-t-elle pas de créer une demande encore plus accrue les autres jours ? D’autant plus que plusieurs épiceries sont submergées de commandes dès les lundis.
Leur retirer une journée sachant que la plupart des employés, de toute manière, ne travaillent pas 7 jours/7, dans les circonstances actuelles, est-ce vraiment nécessaire ? On le saura dès cette fin de semaine.