Sophie Durocher Vendredi, 20 décembre 2019 05:00 - Je ne sais pas comment ça s’est passé pour vous, mais personnellement, j’ai trouvé l’année qui se termine particulièrement déroutante.
https://www.journaldemontreal.com/2019/12/20/2019-une-annee-en-absurdistan
Je n’ai jamais autant eu l’impression de vivre en Absurdistan, comme si se déroulait autour de moi une pièce de théâtre loufoque. Quelle drôle d’époque, quelle drôle d’année.
Êtes-vous sérieux ?
En 2019, un écrivain et son éditeur ont été accusés de production et distribution de pornographie juvénile... à cause d’un passage dans un roman d’horreur intitulé Hansel et Gretel. Youhou, c’est une œuvre de fiction, c’est une histoire inventée !
En 2019, une féministe a déclaré en toute impunité que c’était « risible et pathétique » de consacrer une série télé aux hommes de cinquante ans hétéros. « Les angoisses existentielles des hommes », elle s’en tape.
En 2019, le New York Times a publié un texte demandant s’il ne fallait pas arrêter de montrer les tableaux de Paul Gauguin, parce que celui-ci a couché avec des ados en Polynésie au 19e siècle.
En 2019, une ministre fédérale (Mélanie Joly) a carrément flirté avec la censure en blâmant Vincent Guzzo qui présentait dans ses cinémas le film Unplanned, un navet antiavortement. (On sait que Guzzo est proche des conservateurs et il m’a même confirmé à Qub radio qu’il prenait le temps des Fêtes pour réfléchir à la possibilité de se lancer dans la course au leadership du Parti conservateur. Il m’a aussi confirmé qu’il était pro-choix).
En 2019, le combat féministe a mené plusieurs batailles plus futiles les unes que les autres : dénoncer le fait qu’une comédienne ne dit que sept mots dans le dernier Scorsese ; dénoncer le fait que les animaux mâles sont surreprésentés dans les muséums d’histoire naturelle ; dénoncer le fait qu’il se publie plus de livres écrits par des hommes que par des femmes au Québec. Cela nous a d’ailleurs valu un éditorial outré du Devoir avec un titre si absurde qu’il faudrait le faire encadrer : Livre est un mot masculin.
En 2019, une conférence de Mathieu Bock-Côté a été annulée parce que des zigotos ont menacé sa sécurité.
En 2019, un chroniqueur québécois a laissé entendre que Patrick Bruel, visé par des allégations d’inconduite sexuelle, devait tout simplement annuler ses spectacles. Pourtant, Bruel n’a été accusé de rien et il bénéficie tellement de la présomption d’innocence qu’en France il a été invité à l’émission Les enfants de la télé le 2 décembre. Le 24 novembre Michel Drucker lui a déroulé le tapis rouge à l’émission Vivement dimanche. Bruel est en vedette dans Le meilleur est à venir qui prend l’affiche aujourd’hui, film que j’ai vu et trouvé très touchant. Ne comptez pas sur moi pour vous décourager d’aller le voir.
Le monde est fou
En 2019, Nathalie Simard s’est fait traiter de grossophobe par un site dénonçant la grossophobie, parce qu’elle a fait la une du magazine La semaine en se disant fière d’avoir perdu 70 livres.
Ça, j’avoue que c’est peut-être l’événement le plus absurde de 2019.
Sur ce, je vous quitte pour les deux prochaines semaines. Je vous souhaite un très joyeux Noël (même si j’haïs les chansons du temps des Fêtes) et je vous retrouve le lundi 6 janvier. En espérant que 2020 sera moins « absurde » que 2019...