Sophie Durocher Vendredi, 3 décembre 2021 05:00 - Ne dites plus « liste noire », c’est raciste. Ne dites plus « clause grand-père », c’est patriarcal.
https://www.journaldemontreal.com/2021/12/03/on-ne-peut-plus-rien-dire
C’est ce que le réseau anglais de Radio-Canada a publié sur son site pour nous mettre en garde contre 18 mots à ne plus utiliser.
C’est tellement exagéré que la CBC se fait ridiculiser dans pas moins de deux chroniques virulentes dans les journaux anglais.
Quand c’est rendu que même à Toronto, épicentre de la République de la « wokitude » multiculturelle, on trouve que la CBC va trop loin, c’est que l’heure est grave !
Un crime lexical
La CBC a compilé une liste de mots, soumis par « nos auditeurs et par nos journalistes Noirs, autochtones ou des personnes de couleur » puis ont soumis cette liste à « des experts de la langue et de l’antiracisme ».
« Ce n’est pas parce que vous parlez anglais couramment que vous êtes conscients de l’étymologie raciste de certains mots », affirme un expert cité dans le reportage.
Vous, moi, nous tous, dès qu’on ouvre la bouche on est raciste... sans même le savoir. C’est comme dans Le Bourgeois gentilhomme de Molière, Monsieur Jourdain qui faisait de la prose sans le savoir.
Donc, il ne faut plus dire « mouton noir » ou « liste noire », car on associe le mot « noir » à quelque chose de négatif. Mais la CBC ne nous dit pas si on a encore le droit de dire « Il fait noir » quand la nuit tombe à quatre heures de l’après-midi.
Il ne faut plus dire « ghetto », car ce mot réfère aux pires heures de l’Holocauste. Ne parlez jamais de « totem », de « pow-wow » ou de « tribu » si vous n’êtes pas autochtone : c’est de l’appropriation culturelle.
Attendez, je ne vous ai pas dit la meilleure. La CBC nous dit qu’il ne faut plus utiliser le mot « brainstorm » qui fait référence au cerveau (« brain »), car ça peut être offensant pour... les gens qui ont des problèmes au cerveau !
Désolée, mais j’ai beaucoup de difficulté à croire qu’un épileptique va faire une crise parce que je le convie à un « brainstorm ».
La police des mots
La même semaine, on a appris que la Commission européenne publiait un Guide de l’inclusivité qui contient une liste de mots ou expressions à éviter.
Ne dites plus « Mesdames et Messieurs » au début des réunions, car cela pourrait offenser les personnes non binaires, dites plutôt « Chers collègues ».
Évitez d’utiliser Mr. ou Mme en vous basant sur le sexe « assigné à la naissance », et en cas de doute utilisez « Mx. » pour ne pas « invisibiliser les personnes intersexe ou queer ».
Ne dites plus « la période de Noël », car il ne faut pas « présupposer que tout le monde est chrétien ».
Devant le tollé soulevé par la publication de ce guide, la Commission a fait marche arrière. Mais le simple fait qu’on ait pensé deux secondes à interdire les mots Messieurs et Mesdames pour faire plaisir à une infime minorité de gens, c’est bien le signe que le monde est rendu fou.
Ou est-ce que ce mot-là aussi est interdit ?