Qu’est-ce qui se passe avec la société d’État? - Sophie Durocher

Sophie Durocher Jeudi, 19 août 2021 05:00 - Il y a d’abord eu « l’affaire Wendy Mesley ». Puis « l’affaire Stéphan Bureau ». Et maintenant, « l’affaire Pascale Nadeau ».

https://www.journaldemontreal.com/2021/08/19/quest-ce-qui-se-passe-avec-la-societe-detat

Coudonc ! Qu’est-ce qui se passe avec la société d’État pour que ses employés vedettes, avec une longue feuille de route, soient aussi malmenés ?

Est-ce que Radio-Canada et CBC gèrent leur monde en sortant l’artillerie lourde ?

Ça commence drôlement à ressembler à une purge : on emploie la méthode forte (suspension sans salaire ! enquête disciplinaire ! blâme de l’ombudsman !) pour se débarrasser des soldats qui font le moindre petit pas de travers. Ou qui disent le moindre mot de travers.

TASSE-TOI, MATANTE !

Wendy Mesley a été blâmée pour avoir utilisé le mot « nègre » en réunion. Stéphan Bureau a été blâmé pour avoir été (supposément) complaisant avec Didier Raoult. Et maintenant, on apprend que Pascale Nadeau a été blâmée... pourquoi exactement ? Elle-même ne semble même pas le savoir !

« Je trouve ça épouvantable ce qui se passe à Radio-Canada. C’est une dérive totale. » Ce n’est pas un vilain chroniqueur de Québecor qui a ces mots durs envers la société d’État, c’est Pascale Nadeau. Après s’être sentie « méprisée et humiliée » par la direction, elle s’est vidé le cœur.

Je lisais hier la réplique de Michel Bissonnette, vice-président principal de Radio-Canada, et ça ressemblait beaucoup à un patron qui cherche à redorer l’image du diffuseur public. Michel Bissonnette affirme que Pascale Nadeau est partie à la retraite de son plein gré. Nadeau dit qu’on l’a forcée à prendre sa retraite. Mais même le président du syndicat des travailleurs et travailleuses affirme qu’il y a un dérapage disciplinaire chez notre diffuseur public. « C’est comme si l’employeur n’avait aucune idée comment gérer la situation », a-t-il déclaré au Journal.

Pascale Nadeau ne m’a jamais paru comme une tête folle ou comme un électron libre. Alors quand elle dit : « Après 33 ans, dont la majeure partie aura été d’être l’un des visages importants de l’information à Radio-Canada, je n’ai eu droit à aucun coup de téléphone de ma direction pour me demander s’il y avait un fond de vérité dans ces allégations mensongères », je lui donne le bénéfice du doute. Qu’est-ce que c’est que cette façon cavalière et arrogante de traiter les gens ?  

TROP VIEILLE ?

Un autre aspect de ce dossier me bouleverse. Pascale Nadeau dit que d’autres cas semblables au sien se sont produits à Radio-Canada, « des cas souvent associés à de l’âgisme ».

Si c’est vrai, c’est inacceptable !

Vous vous souvenez quand Radio-Canada s’était débarrassée de la lectrice de nouvelles Louise Arcand, jugée trop vieille ? Et en 2001, quand une certaine Michaëlle Jean avait remplacé Michèle Viroly ? Cette dernière avait affirmé qu’elle avait été écartée en raison de son âge. Deux ans plus tard, après un grief réglé de façon confidentielle, elle partait... à la retraite.

TENIR DEBOUT

Quand il a répliqué au blâme de l’ombudsman, Stéphan Bureau a eu cette phrase formidable : « Je laisse à d’autres le soin de ramper et demander pardon. »

Pascale Nadeau est de la trempe de celles qui ne rampent pas. Elle tient tête à un diffuseur qui, manifestement, est en train de perdre la sienne.

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