École de musique de Chambly : partitions fermées par la COVID-19
Par Frédéric Khalkhal
Dans le souci d’éviter la propagation du coronavirus, l’École de musique de Chambly ferme ses portes au moins jusqu’au 30 mars prochain, laissant près d’une centaine d’élèves sur leur faim à la veille d’un concert important.
Un texte de Félix Lebel
C’est la première fois depuis qu’elle a fondé l’école, il y a près de 40 ans, que Marie Fournier doit arrêter temporairement tous les cours.
« J’ai l’impression qu’on a été fauchés en plein élan dans la partie de l’année la plus belle et la plus gratifiante pour les enfants. À ce moment-ci de l’année, les pièces sont montées et mémorisées. Tout d’un coup, plus rien. On est fauchés en plein envol », explique Mme Fournier.
C’est une situation qui la désole à ce moment-ci de l’année, là où les étudiants en piano sont en train de peaufiner leur acquis avant le concert final des 2 et 3 mai prochains.
« Je pensais que je pouvais contrôler l’environnement d’enseignement, mais quand on a compris le concept de distanciation sociale, c’était un choc. » – Marie Fournier
Marie Fournier estime qu’il est trop tôt pour savoir si le concert sera bel et bien annulé, mais ne se fait pas d’illusions sur la gravité de la situation sanitaire au Québec.
Une mesure exceptionnelle
Il aura fallu quelques jours avant que Mme Fournier ne prenne cette décision difficile. Au début de l’éclosion de la COVID-19, elle avait envoyé des directives aux parents et avait instauré quelques règles d’hygiène. Elle prenait le temps de désinfecter le piano, les poignées de porte et les surfaces avant chaque séance.
C’est toutefois en entendant les appels du gouvernement et du directeur national de la santé publique, Dr Horacio Arruda, que l’entrepreneure et pianiste a pris cette décision.
« Je pensais que je pouvais contrôler l’environnement d’enseignement, mais quand on a compris le concept de distanciation sociale, c’était un choc. J’ai compris que je ne peux pas contrôler l’environnement de mes élèves. S’ils ont un parent qui est en contact avec quelqu’un de contaminé, qui voyage dans les transports en commun, je ne peux pas contrôler ça », explique Mme Fournier.
Une entreprise touchée
Comme bien des travailleurs autonomes, cette décision a un impact majeur sur ses finances personnelles. Marie Fournier et sa fille, Éliane Fournier-Sénéchal, qui enseigne aussi à l’école de musique, devront se contenter de l’aide gouvernementale.
Par chance, elles n’auront pas à rembourser les cours déjà payés en offrant la possibilité de les reprendre ultérieurement. Toutefois, elles croient qu’il est fort possible que la saison de piano se termine plus rapidement après le retour à la normale.
C’est que les sessions de cours fonctionnent avec le calendrier scolaire, et certains parents pourraient ne pas voir l’intérêt de s’engager dans des cours pour quelques semaines seulement.
« Déjà, il y a des parents qui m’ont dit qu’ils allaient reprendre en septembre prochain parce que ça ne valait pas la peine de poursuivre juste pour juin. J’ai l’impression que ça va affecter notre fin de session de cours de façon importante », explique Mme Fournier.
En attendant, les deux professeures de l’École de musique de Chambly espèrent que les étudiants utiliseront cette période d’isolement volontaire pour pratiquer la musique.
Questionnées à savoir s’il serait possible de faire des cours en ligne, les deux professeures estiment que l’apprentissage du piano implique la présence physique de l’enseignant pour corriger la technique.