Une production arrêtée en plein tournage
Par Martine Veillette
Dominique Veillet, productrice, avec Charles Lafortune, producteur exécutif chez Pixcom, ont dû mettre fin à la production de la série La Faille 2 en cours de tournage en raison des risques liés à la COVID-19.
L’équipe avait amorcé le tournage dans les rues de Québec. Or, de jour en jour, avec les restrictions du gouvernement et les risques qui planaient en raison du virus, il devenait de plus en plus difficile d’effectuer ce travail.
« De jour en jour, on se demandait ce qu’on faisait là. On était souvent plus de 50 personnes sur le plateau. C’était difficile de respecter des distances. Par exemple, la maquilleuse doit toucher les comédiens pour les maquiller. Tout le monde avait des gants, on avait du Purell, des personnes nettoyaient les lieux de tournage, mais ça devenait lourd. Déjà, tourner une série lourde, c’est complexe. Là, on ajoutait la désinfection », relate la résidante de Carignan.
L’équipe de production a finalement pris la décision le 16 mars, à 16 h, de mettre fin au tournage. Une journée avant que le premier ministre François Legault ne demande aux productions de cesser leur tournage. « C’était le gros bon sens. C’était devenu impossible. De plus, tous nos lieux de tournage nous laissaient tomber », indique Mme Veillet.
Elle assure que chaque matin, elle vérifiait auprès de tous s’ils étaient toujours à l’aise d’y être. Comme la plupart travaillent comme pigistes, ces journées d’ouvrage représentaient un gagne-pain devant un avenir incertain. Une règle d’or prévalait : tous devaient être à l’aise de continuer. Si l’un d’eux ne se sentait pas bien, il devait sortir du plateau.
Des jours complétés
L’équipe a réussi à terminer six journées de tournage qui seront conservées et utilisées. La productrice souligne que les rues de la ville de Québec étaient désertiques. « C’était en quelque sorte des conditions idéales. Il n’y avait personne qui était sur place et qu’on ne devait pas voir dans l’image. Je suis heureuse du matériel qu’on a tourné », dit-elle.
« Déjà, tourner une série lourde, c’est complexe. Là, on ajoutait la désinfection » – Dominique Veillet
Des jours de tournage sont encore prévus à Québec, ville où l’action de la deuxième saison se déroulera. Déjà, Mme Veillet a pris une entente avec le Château Frontenac pour des tournages hivernaux en janvier 2021. Les autres journées se feront à Montréal à une date ultérieure.
« La sortie de La Faille 2 doit être en hiver 2021. Ça tient encore la route », affirme Mme Veillet.
La productrice devait aussi lancer le tournage d’une autre série le 23 mars. Comme l’annonce n’a pas été faite par le diffuseur, elle ne peut parler.
Perte financière
Arrêter une production en plein tournage, c’est du jamais-vu pour elle. Il en découle une grande part d’inconnu et des répercussions du côté financier. « Ça a un coût énorme, arrêter une production. Il y a plein de contrats. Ils ne sont pas annulés, mais reportés », explique la productrice. Elle devra notamment budgéter le coût de cet arrêt; entre autres, payer les travailleurs et les frais pour relancer la production.
Elle ajoute que la préparation sera à refaire au complet lorsque la machine pourra repartir. La Carignanoise craint les conflits d’horaire lorsque tout reprendra. « Habituellement, on arrive à se parler pour arrimer les horaires. Là, on va tous vouloir repartir rapidement pour livrer à temps », avance-t-elle.
Dans la boîte de production Pixcom, où elle travaille, plusieurs projets sont touchés. « L’entreprise est saine et bien dirigée. Elle passera à travers la crise. J’imagine que plusieurs entreprises culturelles n’auront pas cette chance. On reçoit le financement juste quand le produit est livré. Avant, c’est l’entreprise qui doit financer le tout. Ça prend des reins assez solides », souligne Mme Veillet.
Malgré tout, comme plusieurs, elle comprend et salue les directives du premier ministre. « François Legault est un homme d’affaires conscient de l’économie. C’est noble d’avoir fait passer la sécurité des gens en premier », conclut-elle.