Par Chloé-Anne Touma | Initiative de journalisme local
La période de vacances ayant été entamée depuis quelques semaines, le manque de personnel médical se fait sentir dans les urgences du territoire, plus saturées que jamais à pareille période.
En date du 6 juillet, on parlait d’un taux d’occupation de 140 % dans les urgences de la Montérégie, « du jamais vu au mois de juillet », avait déclaré le Dr. Gilbert Boucher, urgentologue et Président de l’Association des spécialistes en médecine d’urgence du Québec.
Les dernières statistiques
Selon les données obtenues sur le site d’Index Santé, en date du 13 juillet à 7h30, soit une semaine plus tard, les urgences de la Montérégie seraient occupées à 141 % de leur capacité. Alors qu’on avait atteint la pleine saturation à Charles-Le Moyne, on a certes réussi à réduire le taux d’occupation à 93 %, mais dans le reste de la région, la situation demeure critique. Rien ne va plus à l’Hôpital du Haut-Richelieu, où l’on déborde à 119 %, et à l’Hôpital Pierre-Boucher et au Centre hospitalier Anna-Laberge, où l’on enregistre des taux respectifs de deux fois leur capacité d’accueil, soit de 180 % et 200 %.
141 %
C’est le taux d’occupation des urgences de l’Hôpital du Haut-Richelieu
« Il est vrai qu’actuellement, à l’instar d’autres établissements, nous connaissons un fort achalandage dans nos deux urgences (Charles-Le Moyne et du Haut-Richelieu). De plus, la pénurie de personnel et la période des vacances ont un impact sur nos activités. Cela dit, nos urgences ne sont pas fermées et demeurent disponibles à la population qui requiert nos services », a rapporté au journal la directrice adjointe aux communications du CISSS de la Montérégie-Centre, Martine Lesage. « Il est cependant très important de rappeler que le rôle premier de l’urgence est d’accueillir et de traiter en priorité les cas les plus graves, quel que soit l’ordre d’arrivée des patients. En tout temps, la population est invitée à penser aux autres ressources disponibles avant de se rendre à l’urgence. », a-t-elle ajouté.
Des ressources de dépannage
Pour traiter les infections ou problèmes de santé mineurs, le CISSS rappelle que des outils et conseils sont disponibles au sein de la communauté, tels qu’Info-Santé pour parler à une infirmière, le portail santé mieux-être pour trouver des informations sur les symptômes, les traitements et les ressources (www.sante.gouv.qc.ca), ou un(e) pharmacien(ne) qui pourra conseiller sur l’achat d’un médicament en vente libre ou prescrire des médicaments pour des problèmes de santé mineurs. On suggère aussi de s’adresser à une clinique sans rendez-vous près de chez soi, ou bien de se rendre, sur rendez-vous, à l’une des deux cliniques réseau du territoire : la clinique Azur, située au 2984 Taschereau à Greenfield Park, et le centre Médi-Soleil, situé au 383, boulevard du Séminaire Nord, bureau 120, à Saint-Jean-Sur-Richelieu.
Un réseau fatigué
Représentant 60 000 professionnels et techniciens dont près de 10 000 en Montérégie, l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS) avait fait entendre ses inquiétudes face aux enjeux qui préoccupent son réseau. Organisant plusieurs journées de grève depuis le mois de juin, elle revendique pour ses membres des « améliorations significatives de leurs conditions de travail afin d’attirer la relève, retenir les salariés expérimentés et éliminer ainsi la pénurie de main-d’œuvre qui met en péril les services offerts à la population ».
« L’expertise du personnel professionnel et technique est primordiale pour le fonctionnement des services d’imagerie médicale et de laboratoires des hôpitaux. Nos membres assurent un soutien vital non seulement aux personnes âgées, aux clientèles vivant avec une déficience intellectuelle ou un trouble du spectre de l’autisme, mais aussi aux gens ayant besoin de services en réadaptation, en nutrition ou en santé́ mentale. Ils et elles se battent corps et âme pour prendre soin de la jeunesse du Québec dans les services de première ligne et en centres jeunesse. Si le gouvernement a su trouver de la marge de manœuvre pour reconnaître le rôle essentiel des infirmières et des préposées aux bénéficiaires, il doit en être de même pour les 60 000 membres de l’APTS », soutient Francis Collin, représentant national de l’APTS en Montérégie Ouest. Finalement, l’Alliance a indiqué qu’elle souhaitait que le premier ministre accorde des mandats aux tables de négociation afin d’en « arriver à une entente satisfaisante pour ses membres. »