Antoine Robitaille Mardi, 28 juillet 2020 05:00
Avec la pandémie, le gouvernement Legault a une occasion d’apporter certains changements durables et nécessaires dans le système de santé.
C’est l’intéressant avis de Jean Rochon, ancien ministre de Parizeau et de Bouchard. À 81 ans, il revenait la semaine dernière, avec mon collègue Charles Lecavalier, sur le lancement, il y a 25 ans, de sa fameuse réforme du « virage ambulatoire » de 1995.
La « fenêtre » pour améliorer les choses se refermera rapidement, opine l’ancien ministre Jean Rochon, en raison des pressions économiques actuelles.
Priorité
Le Journal a saisi l’occasion pour jeter un regard rétrospectif sur ce quart de siècle où la santé est devenue un sujet obsédant en politique québécoise.
Dépassant même la fameuse question nationale, qui avait tourmenté le Québec des années 1960 jusqu’au deuxième référendum sur la souveraineté-partenariat en 1995.
« Prioriser » la santé plutôt que le statut politique du Québec pour l’avenir, voilà une conséquence claire du vieillissement de la population. Avec pour effet collatéral, pendant un temps, de propulser certains médecins dans les plus hautes fonctions.
Grand défi
De 1995 à aujourd’hui, les réformes du système de santé et les rapports se sont succédé à un rythme régulier.
Après la réforme Rochon, il y eut le rapport Clair commandé par Pauline Marois ; puis, ce fut le choc entre la profession médicale et François Legault, ministre de 2001 à 2003, qui promettait... un médecin de famille 24 h sur 24 « avant 2004 ». Ensuite, il y eut la réforme Couillard de 2003 ; et, enfin, celle de Gaétan Barrette.
Si l’on en juge par les résultats de notre sondage présenté samedi, les Québécois ne croient pas que tout ce remue-ménage a amélioré leur système de santé. Au contraire, 55 % sont convaincus que la situation s’est dégradée.
Cette désillusion a grandement affecté le Parti québécois dans un premier temps. Les nombreuses mises à la retraite des professionnels de la santé, sous Bouchard, en raison du « déficit zéro », sont restées dans les mémoires.
Jean Charest a ensuite tout misé sur la santé pour battre Bernard Landry. « Faites-moi confiance, je vais remettre sur pied le système de santé. Jugez-moi sur ces résultats », jurait-il en entrevue, en mars 2003.
Lui aussi réforma, mais échoua. Du moins pour ce qui est de l’attente aux urgences. Malgré cela, son ministre Couillard conserva une bonne cote, lui permettant de revenir comme chef et premier ministre, avec comme ministre Gaétan Barrette, qui multiplia les bouleversements.
Aujourd’hui, les experts consultés par Le Journal convergent : la seule réforme réclamée par le réseau est d’en finir avec les grandes réformes.
Pandémie
La pandémie aura eu pour effet de débloquer certains changements attendus depuis longtemps, comme l’élargissement de la pratique des infirmières et des pharmaciens.
Mais la « fenêtre » pour améliorer les choses se refermera rapidement, opine avec raison Jean Rochon, en raison des pressions économiques liées à l’ère covidienne.
François Legault et Christian Dubé ont déjà échoué à aller chercher « un milliard dans les poches des spécialistes », tel que promis. Réussiront-ils à s’attaquer au paiement à l’acte ? À rendre imputables les gestionnaires du réseau ? À construire assez de « Maisons des aînés » pour changer la vie de nos vieux ?
Pour l’instant, difficile de ne pas être sceptique.