Guillaume St-Pierre Jeudi, 14 novembre 2019 05:00
Justin Trudeau semble déjà avoir trouvé un partenaire de danse, pour survivre à son premier test, en un Yves-François Blanchet prompt à se montrer conciliant.
Depuis qu’il a fait le saut en politique fédérale, le chef du Bloc québécois travaille fort pour se débarrasser de sa réputation de goon, acquise à l’Assemblée nationale.
Il s’est empressé, hier, d’offrir une autre démonstration du sérieux de sa démarche.
Pas de game
MM. Blanchet et Trudeau se sont rencontrés dans le bureau du premier ministre durant un peu moins d’une demi-heure.
Le tête-à-tête était l’occasion pour le chef libéral de présenter les priorités de son gouvernement en vue du discours du trône du 5 décembre prochain.
Minoritaire à la Chambre des communes, Justin Trudeau a absolument besoin de l’appui de l’opposition afin de faire adopter cette importante déclaration.
L’aide du Bloc québécois lui semble déjà acquise.
Au sortir de la rencontre, M. Blanchet aurait pu laisser planer le doute sur ses intentions. Il a plutôt souligné qu’il n’avait aucune raison de croire que ce discours lui déplaira assez pour ne pas l’appuyer.
« Il n’est pas question pour moi de faire la game politique d’essayer de trouver des problèmes s’il n’y en a pas », a-t-il lancé.
Justin Trudeau était sans doute ravi de l’entendre, même si, dans les faits, aucun parti n’est pressé de faire tomber le gouvernement.
Il n’en demeure pas moins que le ton était nettement moins conciliant entre le premier ministre et le chef conservateur Andrew Scheer, mardi.
Les deux hommes continuent de se regarder en chiens de faïence, la fin du cycle électoral n’y changeant rien. M. Scheer se fait un devoir d’alimenter, chaque jour, la haine de Justin Trudeau. Et ce dernier n’a aucune intention de se conformer aux principales demandes des conservateurs, qu’ils soient fédéraux ou provinciaux.
Le chef du NPD Jagmeet Singh aura quant à lui sa rencontre au sommet aujourd’hui. Ce dernier a laissé entendre qu’il pourrait refuser d’appuyer le discours du trône si une partie de sa généreuse et coûteuse plateforme n’y figurait pas.
Wexit
Justin Trudeau peut aussi remercier Yves-François Blanchet d’avoir agi comme paratonnerre, le temps d’une journée, à la colère qui gronde dans l’Ouest.
Les séparatistes albertains pourraient bientôt avoir leur propre parti fédéral, et ils souhaitent s’inspirer du Bloc québécois.
M. Blanchet n’a aucune intention de leur prêter conseil, tant et aussi longtemps que leur projet reposera sur l’exploitation plus intensive du pétrole.
« S’ils essayaient de créer un État vert dans l’Ouest canadien, j’aurais peut-être été tenté de les aider, mais s’ils tentent de créer un État pétrolier, ils ne peuvent pas s’attendre à un soutien de notre part », a commenté M. Blanchet en sortant de sa rencontre avec Justin Trudeau.
Les propos du chef du Bloc ont suscité la colère du premier ministre albertain, Jason Kenney. S’en est suivi une guerre de mots entre les deux hommes sur les revenus du pétrole que touche le Québec.
Qui aurait cru que Justin Trudeau recevrait un jour un coup de pouce du Bloc québécois dans sa quête d’unité nationale ?