Loïc Tassé Lundi, 4 mai 2020 05:00
Au Québec, comme dans certains pays, le gouvernement a décidé de renvoyer les enfants dans les écoles primaires. Cette décision n’a rien à voir avec leur bien-être ni avec celui des parents.
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Les conditions requises pour apprendre ne sont pas réunies dans les écoles. Dans plusieurs pays, les enfants devront garder leurs distances les uns avec les autres, manger en classe et s’abstenir de jouer avec les autres. Les gymnases et les bibliothèques seront fermés. La gestion des classes et des cours de récréation s’annonce pénible.
Pour justifier l’ouverture des écoles primaires, le gouvernement du Québec sert à la population la sempiternelle rengaine de la protection des enfants les plus vulnérables, des 20 % qui ont des problèmes en classe, et patati et patata. Comme si les 80 % restants n’avaient aucune importance.
Cependant, il est loin d’être sûr que les écoles primaires en temps de pandémie offrent un environnement moins anxiogène que le milieu familial. Pour de jeunes enfants, rester à la maison avec papa et maman demeure le plus souvent la solution la plus heureuse et la plus rassurante.
Crédibilité faible
D’autre part, les gouvernements manquent de crédibilité.
Par exemple, comment affirmer que les enfants ne contaminent pas les parents, et en même temps demander aux gens de plus de 60 ans de ne pas approcher des enfants ? Le virus se transmet-il oui ou non à partir des enfants ?
Si oui, alors le retour hâtif des enfants à l’école met en danger les parents et les enseignants. Si non, alors les plus de 60 ans et les autres personnes à risque peuvent sans problème approcher des enfants. Et les mesures de distanciation entre enfants dans les écoles sont idiotes.
Le gouvernement du Québec a une seule véritable raison pour ouvrir les écoles : il veut que l’économie redémarre le plus rapidement possible. Par conséquent, il veut que les parents puissent se rendre au travail plutôt que de garder les enfants.
Le gouvernement Legault, contrairement au gouvernement Trudeau, semble aussi conscient que les générations à venir risquent de payer une sacrée galette en impôts à cause de la COVID-19.
Les gouvernements devraient expliquer les véritables raisons du retour en classe.
Personne ne sait
Personne ne sait quand la pandémie s’arrêtera. La COVID-19 pourrait disparaître d’elle-même cet été, comme la plupart des virus grippaux. Elle pourrait revenir par vagues, comme quelques rares virus. Elle pourrait aussi réapparaître chaque année.
Pour le moment, les statistiques mondiales montrent que le virus se transmet de moins en moins, sauf dans quelques pays. À ce rythme, il pourrait même disparaître d’ici un ou deux mois.
Si tel est le cas, nous devrons nous poser de sérieuses questions. Avons-nous trop réagi ? Le modèle suédois est-il le meilleur ? Nos services médicaux ont-ils été trop coupés, d’où les risques d’engorgement ?