Mario Dumont Samedi, 11 avril 2020 05:00 - Une crise change la société et marque les générations.
https://www.journaldemontreal.com/2020/04/11/leaders-forts-recherches
C’est aussi vrai sur le plan politique. Les enjeux politiques à l’ordre du jour ne seront plus les mêmes après la crise, l’agenda de travail des gouvernements Trudeau et Legault non plus.
Par-dessous tout, les électeurs auront révisé leur définition de ce qu’est un leader.
À Ottawa
Je commencerai par dire que la crise va stabiliser le gouvernement libéral minoritaire. Quoi qu’en pensent les conservateurs, l’appétit du public pour des élections va demeurer bas pour un sérieux bout de temps. De surcroît, bloquistes et néo-démocrates ne sont pas en mesure de regarnir leurs coffres alors que les revenus des citoyens sont aussi incertains. Le gouvernement minoritaire va durer pour un bout.
L’équipe ministérielle libérale a impressionné. Avec le patron enfermé dans sa maison, on a vu un leadership fort et de l’efficacité réelle des ministres Champagne, Freeland, Duclos, Morneau et quelques autres. Ils ont pris les décisions lorsque le boss hésitait--- et ils ont livré les programmes d’urgence. Au sortir de la crise, que penseront-ils de la force de leur boss ? Une vraie question.
La dette va être stratosphérique à Ottawa. 200 milliards ? Ce qui aurait eu l’air d’une blague des Denis Drolet est maintenant envisagé. Le Canada traversera une crise des finances publiques en plus de la crise économique. Assez pour occuper une bonne partie de l’attention du gouvernement.
La relation avec les États-Unis va rester tendue. La menace de nous priver de matériel médical au milieu d’une crise sanitaire va laisser une méfiance dans la population canadienne. Une défaite de Trump aiderait.
À Québec
Le mandat de François Legault finit à l’automne 2022. Oubliez son programme et les belles intentions qui s’y trouvaient. Le reste de son mandat servira à relever le Québec. Le déficit et le chômage seront de retour dans le paysage, contre toute attente. Il faudra relancer l’économie, sauver des entreprises, tout en essayant de garder le déficit sous contrôle.
Le premier ministre Legault va opérer avec un capital de sympathie et de confiance rarement observé dans l’histoire. Cela devrait l’aider. Tout en se rappelant que le Québec (et ses médias) aime faire grimper aux nues la popularité de quelqu’un... pour le détruire le semestre suivant.
Des gens solides SVP
Plusieurs partis politiques vont reprendre leurs courses au leadership après la crise. La nature du leader recherché s’est radicalement transformée. Plus de demande pour les rêveurs d’un monde sans frontières qui voient le rôle du leader politique comme un prédicateur de belles valeurs et un animateur des réseaux sociaux.
Traverser une crise du genre fait prendre conscience de la force de caractère qu’il faut pour prendre la charge d’un gouvernement. Les gens capables de prendre des décisions difficiles ont pris de la valeur. Les femmes et hommes capables de garder les mains solidement sur le gouvernail au milieu de la tempête seront promus au titre de capitaines sur les navires.