Mario Dumont Mercredi, 20 mai 2020 05:00 - La paralysie économique et sociale que nous vivons nous donne une idée de l’ampleur des sacrifices que nous demandaient certains écologistes radicaux.
https://www.journaldemontreal.com/2020/05/20/le-succes-climatique
Le Québec atteindra donc (ou presque) sa cible en matière de réduction de ses émissions de carbone pour l’année 2020. Malgré le fait que cela semblait absolument impossible au Premier de l’an. Certains y voient un effet bénéfique de la crise sanitaire actuelle. J’y vois surtout un avertissement.
Les plus radicaux, qui réclamaient des mesures rapides et contraignantes pour accélérer l’atteinte des cibles, doivent réaliser l’énormité des sacrifices dont ils parlaient sans s’en rendre compte. Pour respecter nos cibles dans un court laps de temps, il fallait arrêter de vivre. C’est ça, le « miracle » des deux derniers mois.
Plus de circulation automobile parce que la moitié des gens ne travaillent plus. On ne sort plus, ni au cinéma, ni au restaurant, ni chez des amis. Les gens ne prennent plus l’autoroute pour aller visiter leurs parents, c’est interdit.
Les voyages sont au point mort. La grande majorité des avions demeurent cloués au sol. Des milliers de projets de voyage sont annulés. L’industrie touristique se meurt.
Économie à plat
La majorité des commerces et entreprises ont été soit fermés, soit mis au ralenti. Nous sommes en proie à la pire récession depuis un siècle. Cela veut dire des usines qui resteront fermées. Des chômeurs par dizaines de milliers, cela représentera des déplacements en auto de moins chaque matin.
Chômage, appauvrissement, vie terne, déprime, voilà l’échantillon de ce qu’il fallait faire pour vivre la grande réussite en matière de changements climatiques. On nous dira toujours que ce n’était pas le but et que les choses se seraient faites différemment si des écologistes au pouvoir avaient imposé ces mesures plutôt qu’une pandémie.
Les événements des dernières semaines nous donnent néanmoins une idée de l’ampleur. Pour obtenir la réduction actuelle, il a fallu faire un carnage dans à peu près tous les aspects de la vie.
Vraiment conscients ?
Le thème des changements climatiques étant très à la mode, de nombreux électeurs disaient en faire leur grande priorité à l’élection d’octobre dernier. Je me souviens avoir entendu des électeurs dire qu’ils souhaitaient que « les gouvernements » en fassent plus pour l’environnement.
Avaient-ils vraiment conscience de l’ordre de grandeur des sacrifices dont parlaient ceux qui prônaient de foncer tête baissée dans l’atteinte des objectifs sans délai ? Étaient-ils prêts à de tels renoncements ? Pas sûr, pas sûr.
J’ai toujours cru que l’action en matière de changements climatiques devait être progressive, tenir compte de l’économie. J’ai toujours cru que les gens ne voudraient pas arrêter de vivre. Il faudra laisser le temps à la science et à la technologie de développer des options aux carburants fossiles. Dans le cas de l’automobile, l’électrique fait lentement, mais sûrement son chemin.
Je me permets de faire remarquer que les purs et durs de la lutte aux changements climatiques devront dorénavant faire attention avant de citer « la Science » du haut d’un piédestal. Le coronavirus nous a rappelé que la science évolue, observe, révise ses thèses lorsque placée face à un phénomène nouveau et complexe.