Mario Dumont Samedi, 16 mai 2020 05:00 - En enclenchant le processus d’un référendum il y a plus de quarante ans, René Lévesque ne se doutait pas de la cascade d’événements qui suivraient.
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Une suite d’échecs du Québec dans sa volonté de s’affirmer. Des NON au Québec, des NON du Canada, des reculs, des déceptions.
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D’abord le 20 mai 1980, les Québécois ont dit non au gouvernement du PQ qui demandait un mandat de négocier la « souveraineté-association ». Lévesque s’est retrouvé affaibli devant Ottawa.
Il restait un espoir : pour convaincre les Québécois, Pierre E. Trudeau avait pris un engagement de réformer la Constitution canadienne pour répondre aux attentes du Québec. En 1982, Trudeau a bel et bien réformé le Canada, mais les intérêts du Québec n’étaient plus à l’ordre du jour. Autre échec : le Québec ne signe même pas la nouvelle Constitution rapatriée. Elle nous est imposée.
Meech
L’arrivée de Brian Mulroney et des conservateurs ranime l’espoir. Pour corriger l’affront de 1982, il négocie avec les premiers ministres des provinces l’Accord du lac Meech. Robert Bourassa y voit un pas important pour le Québec et défend vigoureusement l’Accord.
Sauf qu’après la signature, il faut un vote de chacun des parlements des provinces pour ratifier le texte. L’Accord est torpillé. Autre échec : cette entente prometteuse est enterrée.
Un revers qui soulèvera un élan nationaliste au Québec. Commission Bélanger-Campeau sur l’avenir du Québec, rapport Allaire qui rend presque souverainiste le PLQ. Beaucoup de bruit pour rien. Tout cela finit en queue de poisson avec la boiteuse entente de Charlottetown. Elle est soumise à un référendum en 1992. Réponse : NON.
Jacques Parizeau prend le pouvoir en 1994 avec un engagement clair : un référendum dans sa première année de mandat. Il tient parole et forme une coalition dont je ferai partie. Par quelques virgules de pourcentage, la majorité dit non. Autre échec.
Les lendemains de ce référendum ne seront pas gais pour les nationalistes au Québec. Le fédéral y va d’une série d’initiatives pour remettre le Québec à sa place. Notamment la loi unilatérale supposément « sur la clarté référendaire ».
Puis vint ce long règne libéral. Quinze années. Certains pourraient dire des années sans échec. En effet, lorsqu’on ne demande rien, on évite le risque de se faire dire NON. J’interprète surtout le fait de ne plus rien pouvoir demander comme le triste résultat d’années à rater toutes nos occasions.
Lueur dans ces années, il y a quand même eu la reconnaissance que le Québec forme une nation qui a été initiée par le gouvernement Harper.
Le succès Legault
C’est là le grand coup de force de François Legault. Dans la première année de son mandat, il a fait adopter sa loi sur la laïcité. Après plus de dix ans d’hésitations et d’études sur la question. Un geste fort en matière d’identité.
Une solide majorité l’appuyait et l’Assemblée nationale l’a votée. Le contraire d’un échec. La fin du cycle. Du point de vue du nationalisme, c’est énorme.