Mario Dumont Samedi, 29 août 2020 05:00 - La CAQ est encore un jeune gouvernement.
https://www.journaldemontreal.com/2020/08/29/des-fausses-balles
Il n’est plus permis de plaider le fait d’être débutant lorsqu’on arrive à mi-mandat bien sûr. Mais un groupe de novices peut encore commettre des erreurs deux ans plus tard.
Les derniers jours nous ont donné quelques exemples. Pour pouvoir dire qu’ils ont rempli un engagement électoral à tout prix, les caquistes se sont embourbés dans un déménagement du Salon de jeu de Québec bien difficile à expliquer.
Il y a quatre ans, l’idée de sortir le Salon de jeu d’un quartier dit populaire pour le remplacer par un Casino en zone touristique pouvait tenir la route. Aujourd’hui, l’idée de déplacer le Salon de jeu de Place Fleur-de-Lys par un salon équivalent à Beauport, une banlieue résidentielle, apparaît comme une farce.
L’idée est d’autant plus mal avisée puisque les paramètres du dossier ont radicalement changé depuis. Place Fleur-de-Lys a été acquise par des propriétaires locaux, qui y réinvestissent et en changent la vocation. Le nouveau loyer après le déménagement serait payé par Loto-Québec à un groupe manitobain. Pas très aligné sur le discours de François Legault sur notre économie québécoise...
Les nouveaux propriétaires, les frères Trudel, ont d’ailleurs l’appui de nombreux intervenants du monde communautaire au maintien du Salon de jeu dans leur quartier. De quoi saper les derniers arguments du gouvernement Legault. Mais là, on est mal pris... l’annonce est faite.
Jambettes faciles
Lors de l’exercice annuel de l’étude des crédits, nous avons pu voir avec quelle facilité certains ministres ont trébuché. Rien de grave, mais de mauvaises impressions.
Pascal Bérubé a questionné la ministre de la Métropole et la ministre des Affaires autochtones pour savoir si elles approuvent l’affirmation que Montréal est un territoire autochtone non cédé. La mairesse Plante répète cette affirmation (une fausseté selon nombre d’historiens) lors de l’ouverture de maints événements.
Les ministres ont bafouillé. Pas de principes, pas de socle idéologique sur lequel s’appuyer. Juste la crainte de se mettre les pieds dans les plats ou de perdre des amis. Il me semble que dans un parti nationaliste et pragmatique, on ne devrait pas hésiter à se dissocier de cette formule inutile et erronée, à la mode dans les mouvements de gauche.
Pierre Fitzgibbon de son côté s’est exposé à une peur collective en parlant de vendre les données de la RAMQ. On sait maintenant que cette idée a de la valeur si tout est placé dans son contexte. Mais lancée en l’air, elle est devenue du bonbon pour le très habile Gabriel Nadeau-Dubois, qui a payé toute une traite au ministre de l’Économie dans les médias.
Si fort et si fragile
Je pourrais écrire toute une chronique pour dire à quel point le gouvernement Legault est fort, basé sur son appui populaire impressionnant et sur la faiblesse de l’opposition. En même temps, une mauvaise séquence nous rappelle la fragilité de ce jeune gouvernement, dont certains membres semblent à peine savoir pourquoi ils ont adhéré à la CAQ.