Mario Dumont Vendredi, 15 janvier 2021 05:00 - Ce n’est pas le temps de réformer le système de santé pendant une crise. C’est une évidence, une certitude, un absolu !
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Mais nous pouvons quand même y réfléchir en voyant les problèmes défiler sous nos yeux.
La pandémie génère des problèmes uniques et sans précédent dans le système de santé. Énormément de personnel absent et des soins intensifs surchargés en sont des exemples. Cela dit, nous ne pouvons pas faire semblant que notre système de santé ne connaissait pas des ratés avant la COVID-19.
Par exemple, le nombre de patients en attente de chirurgie est exacerbé par le nombre de cas de COVID dans nos hôpitaux. Or, le problème des listes d’attente en chirurgie traîne dans le décor depuis des décennies ! Le problème des temps d’attente dépassant trop souvent les délais médicalement recommandés gangrène notre système depuis aussi longtemps.
À bout de souffle
Voyons les choses en face : l’attente est un pilier sur lequel notre système repose. C’est grâce à l’attente qu’on rationne les services, c’est par l’attente qu’on réduit les dépenses. Selon les chiffres du ministère, plus de 1000 patients par jour qui se sont rendus dans une urgence repartent découragés, sans avoir pu voir un médecin.
Avant même la pandémie, notre système était à bout de souffle. Et il n’y a plus rien de prometteur à attendre du modèle surbureaucratisé sur lequel tout est basé. Les processus sont lents, l’intérêt du patient arrive loin et tout coûte cher.
La bureaucratie est ainsi structurée que personne ne sait exactement ce qui se passe et personne n’est exactement imputable pour de mauvais résultats. Nous nous rappellerons longtemps les crises du premier ministre pour donner un sens au mot imputabilité pendant cette crise.
Par-dessus tout, dans ce système, le personnel est toujours démobilisé. J’insiste pour souligner que le personnel de la santé n’est pas l’objet de mon blâme. Les gens qui œuvrent dans les hôpitaux sont de véritables héros de cette crise. Ils font preuve de détermination et de courage et restent au front dans une guerre qui se prolonge.
Diagnostic connu
À une époque, on m’a accusé de vouloir réformer le système de santé par idéologie. Aujourd’hui, ayant constaté les résultats, c’est par idéologie que des gens pourraient s’entêter à s’accrocher au modèle de monopole d’État bureaucratisé. L’analyse froide de la situation plaide pour des changements en profondeur.
Nombre d’études indépendantes ont déjà fait la démonstration de l’inefficacité de notre système. Des comparaisons internationales font aussi mal paraître la santé au Canada. Le personnel est compétent et les soins sont bons. Mais l’accès aux soins est médiocre.
Ce n’est pas la pandémie qui a fait apparaître cela. Lorsqu’on ajoute à l’analyse les sommes colossales que nous consacrons à la santé, le jugement est encore plus sévère : nous n’en avons pas pour notre argent.
Au sortir de la crise, le gouvernement Legault aura un capital de sympathie remarquable et un calepin entier de notes à propos du système de santé.
Ce qu’il faut pour une réforme en profondeur.