Mathieu Bock-Côté Mardi, 17 novembre 2020 05:00 - La querelle de la liberté d’expression s’est frayé un chemin à Tout le monde en parle, dimanche soir.
https://www.journaldemontreal.com/2020/11/17/steven-guilbeault-contre-la-liberte-dexpression
Invité à commenter le débat entourant la censure de La petite vie, Steven Guilbeault y est allé de cette déclaration surprenante : « Notre droit s’arrête là où la blessure de quelqu’un d’autre commence ».
Blessure
Cette affirmation est grave et je suis obligé de lui poser quelques questions pour l’inviter à clarifier sa réflexion. Sans quoi nous devrons constater qu’il vient de se soumettre à la « tyrannie des susceptibles ».
Allons-y : si un homme se sent blessé par un discours critique à propos de sa religion, est-il en droit de demander à ce qu’on fasse taire celui qui le tient ?
S’il se sent blessé par l’usage d’un mot dans un contexte académique, peut-il exiger le renvoi d’un professeur ?
S’il n’aime pas une série d’il y a 25 ans, peut-il demander qu’on la retire des ondes ?
Question surprise : si je me sens blessé par le discours délirant des militants du lobby du racisme systémique contre le peuple québécois, suis-je en droit de leur demander d’enfin arrêter ? Si tel n’est pas le cas, dois-je en conclure que certaines communautés ont davantage le droit de ne pas être blessées que d’autres ?
Communautés
La question de la liberté d’expression n’est pas compliquée. Mis à part la diffamation et l’appel à la violence, rien ne devrait être interdit. Ce qui n’empêche pas d’être poli et de respecter les règles de la décence. Personne, au Québec, ne réclame le droit d’insulter les Noirs, par exemple.
Mais prononcer le titre d’un livre ne devrait jamais être considéré comme indécent ou comme une insulte, quoi qu’en disent les hypersensibles.
Qu’on cesse de faire semblant que la question est ailleurs.
Et aucune « communauté » ne devrait avoir le droit d’imposer sa définition du blasphème à l’ensemble de la société.