Joyeux Noël quand même! - Mathieu Bock-Côté

Mathieu Bock-Côté Jeudi, 24 décembre 2020 05:00 - Cette fête marque une forme de tournant dans l’histoire du monde

https://www.journaldemontreal.com/2020/12/24/joyeux-noel-quand-meme

J’appartiens à une tribu : celle des amateurs irréductibles de la musique de Noël. Chaque année, je guette le 1er décembre pour en écouter de manière décomplexée. Il m’arrive de tricher et de commencer avant. 

À n’importe quel moment de l’année, je chantonne Minuit, chrétiens, un hymne magnifique qui peut pousser bien des hommes au seuil de la conversion, et peut-être même, les amener à la franchir. 

Mais je m’enthousiasme aussi pour 23 décembre de Beau Dommage, la plus québécoise de toutes les chansons québécoises, qui cerne merveilleusement une part essentielle du noyau culturel de notre peuple. 

Musique

Mais soyons honnêtes, cette année, la marche vers Noël est assez triste. Il n’y a pas de frénésie dans l’air, et pour cause. 

Cette fête, faite pour se rassembler, sera vécue dans une quasi-intimité, chacun chez soi, dans un sentiment de dépression collective. 

Nous savons que la sortie de la pandémie est devant nous, mais nous savons aussi que nous en avons encore pour plusieurs mois. Devant nous s’annonce un hiver glacial et solitaire, et rares sont ceux qui croient vraiment à la réouverture partielle de la vie économique et sociale le 11 janvier. 

Cela ne devrait pourtant pas nous empêcher, même si cela semble contre-intuitif, de célébrer Noël, ne serait-ce qu’en méditant sur sa signification dans l’histoire du monde. 

Car cette fête, pour peu qu’on prenne au sérieux le langage des symboles, marque une forme de tournant dans l’histoire du monde, comme en témoigne simplement le calendrier, qui fixe l’an zéro au moment de la naissance du Christ. 

Que l’on soit croyant ou non, on peut reconnaître la grande beauté de la religion chrétienne, qui fait apparaître la figure divine dans l’histoire des hommes à la manière d’un enfant vulnérable, comme si le Tout-Puissant se faisait tout petit pour épouser leur condition. Qu’il surgisse dans l’histoire dans une crèche, dénudé, pour livrer une parole d’amour est profondément émouvant. 

Disons-le même dans un langage désacralisé : ce mythe interpelle la meilleure part de la condition humaine.

Nul ne niera que les religions en arrivent souvent à étouffer les sociétés humaines, qu’elles peuvent les écraser. 

Mais on peut aussi se rappeler qu’à travers la religion chrétienne, les plus belles vocations se sont accomplies. En se questionnant sur le sens de notre passage sur terre, en refusant de voir dans l’humanité un simple fait divers biologique à l’échelle de l’univers, l’être humain touche une vraie grandeur.

Religion

Noël nous permet d’apercevoir le temps d’une messe les fondements culturels et spirituels de notre civilisation. Rien de tout cela n’est évidemment contradictoire avec notre laïcité, qui n’a pas pour fonction de sectionner nos racines.

Noël porte l’espoir d’un jour nouveau, et nous conduit vers Pâques, animés par l’espoir d’une renaissance. Cette année, plus que jamais, nous en aurons besoin ! 

Et que rien ne nous interdise, malgré tout, de nous souhaiter, dans ce Québec confiné, un joyeux Noël quand même !

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