Mathieu Bock-Côté Mardi, 9 mars 2021 05:00 - François Legault, nous le savons, aime parler de ses lectures.
https://www.journaldemontreal.com/2021/03/09/les-ti-counes-ennemis-de-la-lecture
Sur les réseaux sociaux, il les commente, il les propose à ceux qui le suivent. Il arrive même, m’a-t-on dit, mais je peine à le croire, que cela crée des tempêtes.
Quoi qu’il en soit, samedi, sur Twitter et Facebook, il confessait quelques pensées à propos de l’excellent ouvrage de Pierre Berthelot, Duplessis est encore en vie.
Legault
Ce n’est toutefois pas de cet ouvrage en particulier que nous devons parler, aujourd’hui, mais du fait qu’ils sont nombreux, chaque fois qu’il parle d’un livre, à lui reprocher de prendre du temps pour lire ! De manière vive, même mesquine, on laisse croire qu’il témoignerait ainsi de son indifférence au pays québécois.
Depuis un an, la critique s’est radicalisée : comment pourrait-il oser lire en pandémie ? Je suis chaque fois renversé.
Comme si la lecture était une activité secondaire, un passe-temps négligeable, comme si le détour par les livres ne permettait pas d’enrichir notre compréhension du monde et de la société.
Comme si la lecture d’un essai politique, d’un livre d’histoire, d’un roman, d’une biographie n’approfondissait pas notre connaissance de la nature humaine et de la réalité des sociétés.
Il y a dans cette réaction la trace d’un vieil atavisme culturel québécois, qui rappelle notre vieille misère culturelle, celle d’un peuple conquis, longtemps analphabète, étranger à sa propre culture.
Essentiel
La lecture serait un loisir de snob, un passe-temps de riche, et non une activité vitale pour l’esprit.
Ce n’est pas la meilleure part du Québec qui se révèle ainsi. C’est son côté ti-coune.
Je suis de ceux qui croient que les Québécois doivent se réconcilier avec la lecture, et qu’ils devraient y consacrer une place centrale dans leur vie.
Je ne vois pas comment on peut blâmer François Legault de contribuer, à sa manière, à cette réconciliation.