La bureaucratie dans nos chambres à coucher - Mathieu Bock-Côté

Mathieu Bock-Côté Jeudi, 15 avril 2021 05:00 - Depuis le 12 avril, la SODEC a lancé une grande enquête sur les différentes organisations en lien avec elle pour assurer une meilleure représentation de la « diversité ». 

https://www.journaldemontreal.com/2021/04/15/la-bureaucratie-dans-nos-chambres-a-coucher

Pour cela, elle prétend collecter des données sur ce qu’elle appelle les « groupes sous-représentés », soit « les femmes, les Premières Nations et Inuit, les minorités ethnoculturelles ainsi que la communauté LGBTQ2+ ». 

Qu’on me permette de m’attarder sur cette dernière catégorie. 

SODEC

De quelle manière la SODEC (Société de développement des entreprises culturelles) entend-elle s’y prendre pour assurer une meilleure représentativité des lesbiennes, des gais, des bisexuels, des trans, des queers, des personnes bispirituelles et autres ? 

Doit-on comprendre que la SODEC demandera à ceux qui sont en lien avec elle de dévoiler leur orientation sexuelle sur un formulaire administratif ? 

Et quelles conclusions entend-elle en tirer ? 

À quoi peut bien servir le fait de savoir qu’il y a tel pourcentage d’hétérosexuels dans le milieu du cinéma, tel pourcentage d’homosexuels dans le milieu du théâtre et tel pourcentage de bisexuels dans les arts vivants ?

A-t-on chassé l’État de nos chambres à coucher pour inviter désormais nos employeurs à se mêler de ce qui se passe sous nos caleçons ? En quoi notre sexualité les concerne-t-elle ? 

À moins qu’il ne s’agisse d’en arriver à la conclusion que les queers sont insuffisamment représentés ? Sachant toutefois que leurs revendications sont pour le moins récentes au cœur de notre vie publique, trouvera-t-on néanmoins des militants pour dire que notre société est depuis toujours coupable de queerphobie systémique ?

Derrière ce quadrillage maniaque de la réalité, on trouve une idéologie très agressive qui, au nom de la « représentativité », enferme chacun dans des cases de plus en plus étroites, et transforme chaque individu en représentant de son clan. C’est ce qui fait qu’aujourd’hui, dans les différentes organisations, la comptabilité raciale et sexuelle est à la mode. On trie les uns et les autres en demandant à chacun de jouer le rôle de quota de service. 

Et si jamais on observe que les membres de telle ou telle catégorie sont « sous-représentés » dans tel ou tel domaine d’emploi, on en arrive à la conclusion qu’il y a... une discrimination systémique. 

Autrement dit, on crée statistiquement et artificiellement un sentiment d’injustice au nom duquel on en appellera ensuite à de vigoureuses mesures de correction et de réparation. La bureaucratie de la diversité concasse la société en mille morceaux. 

Fragmentation

Et se multiplieront, bien évidemment, les groupes militants n’ayant qu’un discours à la bouche : l’État n’en fait jamais assez et il y aurait encore beaucoup de chemin à faire. 

Autrement dit, se présenter comme une victime de la société occidentale est payant aujourd’hui, à la fois symboliquement, médiatiquement et politiquement. Qui paie le prix dans tout cela ? L’individu. Quelle que soit son identité raciale ou sexuelle. On nie sa singularité, on l’enferme dans une case, on l’y étouffe.  

Et le Québec, qui confond de plus en plus inclusion et fragmentation névrotique.

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