Mathieu Bock-Côté Vendredi, 23 juillet 2021 05:00 - Les faits sont là : si en ce moment, les cas de COVID se multiplient, il n’en est pas de même pour les hospitalisations.
https://www.journaldemontreal.com/2021/07/23/fin-de-la-pandemie-plaidoyer-pour-la-complexite
Cela veut dire que nous sommes en train de vaincre la COVID en la domestiquant. Le virus circule toujours et circulera encore, il connaîtra probablement quelques sursauts, mais à coup de millions de piqûres, nous parvenons à le déjouer.
Cela devrait inciter à l’optimisme, même si nos gouvernements demeurent hantés par les prochaines vagues, et qu’on nous parlera probablement de la cinquième, de la sixième, puis de la seizième au cours des prochains temps.
Mais tout se confond dans l’esprit public et d’étranges clivages divisent désormais la population.
Vaccination
Allons-y dans l’ordre. Il me semble évident que la vaccination massive est la seule manière de sortir de la pandémie. Faut-il vraiment rappeler que la vaccination est un des symboles admirables du progrès de la science ? Faut-il rappeler que l’hostilité au vaccin relève moins de la prudence que d’une forme d’obscurantisme ? Il faut inciter la population à se faire vacciner et l’inciter ardemment.
Une fois cela dit, on peut, et c’est mon cas, s’opposer à la vaccination obligatoire. L’adhésion au vaccin sera d’autant plus forte qu’elle sera volontaire, sauf pour certaines catégories de la population, comme les soignants, pour lesquelles elle devrait s’imposer.
De même, et c’est encore mon cas, on peut s’opposer au passeport sanitaire, qui instituera progressivement une société de contrôle permanent, où chacun fliquera son voisin, où dans nos moindres gestes quotidiens, nous devrons présenter une carte d’identité, qu’il s’agisse d’entrer au supermarché, d’acheter son café ou d’aller à l’hôtel.
Quelles seront les prochaines étapes de cette surveillance sanitaire ? Car elle s’étendra inévitablement. Non pas par malveillance. Mais parce qu’il est dans la nature du pouvoir de sans cesse étendre ses prérogatives dès lors qu’on lui permet de réglementer de nouveaux domaines de l’existence.
On peut enfin penser que l’hypothèse évoquée par nos gouvernements d’un retour au confinement est scandaleuse. La normalisation du confinement comme politique de gestion de la population est insensée. De même, il faudrait en finir avec la plupart des restrictions sanitaires, légitimes au début de la crise, mais qui ne le sont plus.
On redécouvre la complexité des choses. Pro-vaccin (mais vraiment, vraiment, pro-vaccin), anti-obligation vaccinale, anti-passeport sanitaire, et hostile au confinement : on peut conjuguer ces différentes positions sans se contredire.
Hélas, la pandémie a créé une polarisation idéologique qui nous rend fous.
Délire
D’un côté, on trouve ceux qui au nom du pragmatisme sanitaire, croient vraiment qu’on doit encadrer toujours plus la population et la soumettre à des contraintes durables, comme si les libertés publiques étaient des détails négligeables.
De l’autre, on trouve ceux qui délirent et qui s’imaginent nos élites portées par un projet de domination mondiale visant à soumettre la population à une forme de tyrannie sanitaire.
Pourrions-nous retrouver un certain sens de la complexité ?