Mathieu Bock-Côté Samedi, 26 septembre 2020 05:00 - Sale temps pour les cancéreux.
https://www.journaldemontreal.com/2020/09/26/adieu-les-cancereux
Lundi, Radio-Canada nous apprenait qu’ils ont payé la note des derniers mois de monomanie covidienne. Plusieurs milliers de cancers n’ont pas été diagnostiqués. Et bien des traitements et chirurgies ont été reportés.
Des hommes et des femmes qui auraient pu être pris à temps ne l’ont pas été. On aurait peut-être pu les sauver, mais ils ne s’en tireront pas. Ou ils auront moins de chance d’y parvenir. Ils auraient pu engager la bataille contre le mal qui les ronge, mais on ne leur en a pas donné l’occasion.
Chirurgies
Officiellement, le système de santé était censé s’occuper d’eux. Terrible illusion. Dans les faits, ils ont été laissés de côté. Adieu les cancéreux ! Vous n’aviez pas la bonne maladie au bon moment. Vous n’étiez pas dans les priorités médicales du système de santé.
Ce que l’on constate, c’est que la mobilisation anticovidienne, qui a légitimement dominé nos esprits, a laissé bien des gens de côté.
Mais tôt ou tard, ce qu’on refoule remonte inévitablement à la surface. Et les problèmes qu’on nie reviennent nous hanter violemment.
Je me mets dans la peau d’un homme diagnostiqué pour un cancer à sa plus grande surprise en début d’année, et qui a été opéré quelques semaines plus tard, juste avant que le système de santé ne ralentisse dramatiquement ses opérations.
Chance
Il doit remercier mentalement chaque jour l’urgentologue perspicace qui a diagnostiqué son problème ainsi que son chirurgien pour son obstination lui ayant permis d’être opéré à temps, alors que la bureaucratie hospitalière envisageait peut-être de reporter à la dernière minute l’opération.
Chaque jour, il regarde le ciel et doit se dire qu’il aurait suffi de quelques semaines de plus pour qu’il bascule dans le camp des dommages collatéraux. Cet homme se sait chanceux, j’en suis certain. Il doit le répéter à sa femme tous les matins.