Mathieu Bock-Côté Mercredi, 28 octobre 2020 05:00 Lundi, sans surprise, François Legault a expliqué aux Québécois
qu’ils devaient collectivement faire un autre tour de manège sanitaire, en s’imposant 28 autres journées de semi-confinement.
https://www.journaldemontreal.com/2020/10/28/trop-dentetement-peut-susciter-la-revolte
Les restaurants et les bars seront fermés, les salles de théâtre et les salles de sport le seront aussi, et ils ne pourront recevoir d’amis chez eux sans prendre le risque d’être dénoncés par des voisins délateurs.
Octobre se termine, novembre s’en vient, et c’est pendant le pire mois de l’année que nous serons privés des joies de la famille et de l’amitié.
Contraintes
C’est la raison sanitaire qui commande. On ne saurait évidemment la congédier. Mais l’heure s’approche peut-être des questionnements difficiles. Et tôt ou tard, à moins que le vaccin n’arrive rapidement, et encore là, sa distribution n’ira pas de soi, nous devrons nous demander comment vivre avec le virus sans s’enfermer dans une cloche de verre.
Car nous commençons à le comprendre : après la deuxième vague viendra la troisième, puis la quatrième, et ainsi de suite.
Et peu à peu, la confiance de l’opinion envers les gouvernements s’érode. Elle pouvait accepter un gros effort sur une brève période pour essayer de casser le virus. Mais s’il s’agit d’affronter une autre année au moins de pandémie, notre système mental doit changer. Le gouvernement, s’adapter.
Les effets psychologiques destructeurs de cette vie confinée sont indéniables. La virulence absolue des débats sociaux que nous traversons en ce moment n’est peut-être pas étrangère à cette nouvelle névrose.
Cela sans parler des effets économiques destructeurs de la pandémie. On ne peut pas fermer et rouvrir à répétition des secteurs de l’économie comme si la machine productive fonctionnait automatiquement. Et on ne peut tenir la population infiniment sous la perfusion de l’assistance publique, quel que soit le nom qu’on lui donne.
Je ne crois pas un instant que le gouvernement impose les mesures actuelles de gaieté de cœur. Il fait ce qu’il peut avec les moyens qu’il croit avoir.
Les conspirationnistes qui croient voir dans le désordre actuel les signes d’un complot mondial habitent un monde imaginaire.
Mais une chose est certaine : il faut apprendre à vivre avec le virus.
Les restaurateurs avaient donné l’exemple en s’adaptant aux circonstances nouvelles. C’est s’entêter que de garder leurs établissements fermés alors qu’ils avaient déjà fait preuve de la souplesse nécessaire pour amorcer leur transition covidienne. Les individus savent innover pour peu qu’on leur en donne l’occasion.
Adaptation
Les mesures sanitaires ne sont pas partout les mêmes. Le commun des mortels est en droit de se demander si le double verrou privilégié par le gouvernement québécois est la seule méthode appropriée pour traverser la pandémie.
Chose certaine, si les autorités s’entêtent à compresser exagérément la vie, ils finiront par susciter la révolte.
Elle prendra la forme de la dissidence discrète, d’abord, puis de la désobéissance civile, ensuite, avant de trouver un débouché politique, enfin. Tout cela n’est pas souhaitable. Les autorités devront restaurer les droits élémentaires de l’amitié pour éviter de sombrer avec la crise.