La démocratie et son contraire - Mathieu Bock-Côté

Mathieu Bock-Côté Mercredi, 9 décembre 2020 05:00 - Après avoir évoqué la semaine passée les lois raciales nazies au procès de la loi 21,

l’avocat qui a tenu ces propos a soutenu hier qu’il ne cherchait aucunement à faire un rapprochement entre les deux et qu’on l’avait mal compris!

https://www.journaldemontreal.com/2020/12/09/la-democratie-et-son-contraire

Rions ensemble. On peut donc faire référence à l’histoire du nazisme pour disqualifier par la bande une loi québécoise puis prétendre qu’on ne l’a pas fait quand cela fait scandale. On trouvera même un naïf pour le croire et le répéter, à moins qu’il ne cherche à nous le faire croire.

Revenons à l’essentiel.

Le procès contre la loi 21, nous le savons, est un procès contre le droit des Québécois de décider de leur propre modèle de société. Avons-nous, comme peuple, l’autonomie suffisante pour choisir la laïcité ?

Loi 21

Mais c’est aussi, plus largement, un procès contre la démocratie.

Dans quelle mesure nos pays, aujourd’hui, peuvent-ils décider de leurs normes communes ? Dans quelle mesure la souveraineté populaire demeure-t-elle la source de la loi ? 

Dans quelle mesure l’identité historique d’un pays peut-elle encore façonner ses institutions et son organisation sociale sans être traitée comme un système discriminatoire à démanteler ? 

Pour les avocats et militants du multiculturalisme, la réponse est claire : derrière la souveraineté populaire se profilerait toujours, à la manière d’une ombre menaçante, la tyrannie de la majorité. 

Les tribunaux auraient pour mission de la contenir en empêchant le peuple de se transformer en animal méchant. 

On croit le peuple dévoré par les préjugés, toujours prompt à piétiner les minorités, sans jamais définir clairement qui sont ces « minorités ». 

Sauf que les choses sont plus complexes. 

Aujourd’hui, on constate que certains lobbies traduisent systématiquement les caprices identitaires des minorités qu’ils disent représenter en droits fondamentaux. Ces derniers ne cessent de se multiplier. Chaque fois, ils entraînent le rétrécissement du pouvoir démocratique, car la majorité ne pourrait se prononcer sur ces « droits ». Par exemple, celui de porter un voile quand on enseigne, ou de faire son serment de citoyenneté en niqab. 

Voyons-y une forme de dépossession démocratique. 

Et comprenons-nous : le pouvoir ne disparaît pas en quittant les mains du peuple et des élus, il est confisqué par des juges qui sont loin d’être neutres, et qui ont leur propre agenda politico-idéologique. 

Ce sont les juges, aujourd’hui, qui font et défont le droit, en prétendant l’interpréter. 

Et comme on le voit dans le procès de la loi 21, c’est en s’appuyant sur des groupes activistes prétendant se porter à la défense de minorités bafouées que le système fonctionne.

Dépossession

Embarque alors la rhétorique de l’inclusion, du respect et de la diversité : inclure et respecter la diversité, cela consisterait à toujours se plier à ce que disent ces activistes, qui tirent une partie de leur pouvoir du financement public et de l’attention que les médias leur accordent. 

Résumons : quand les tribunaux confisquent le pouvoir, ils le mettent au service d’une idéologie qu’ils ne prennent pas la peine de faire avaliser dans les urnes. Pourquoi le faire ? Le peuple serait toxique. On revient donc au point de départ.

Il faut questionner le gouvernement des juges qui trahit la démocratie en prétendant l’accomplir.

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