Peut-on enseigner librement en terre française d’islam? - Mathieu Bock-Côté

Mathieu Bock-Côté Jeudi, 22 octobre 2020 05:00 - La querelle n’est pas neuve, mais mérite qu’on y revienne, d’autant qu’on en reparle beaucoup ces jours-ci. 

https://www.journaldemontreal.com/2020/10/22/peut-on-enseigner-librement-en-terre-francaise-dislam

En 2004, Jean-Pierre Obin, qui était inspecteur général de l’Éducation nationale en France, avait rédigé un rapport explosif à propos de la difficulté croissante d’enseigner dans les territoires islamisés de la France. 

Obin donnait quelques exemples. 

Autocensure

Dans certaines classes, il n’était plus possible d’enseigner l’histoire des cathédrales et des croisades. Les jeunes issus de l’immigration y voyaient une offense contre l’islam. Cet enseignement les insultait. Et les professeurs comprenaient qu’il valait mieux éviter ce terrain. L’autocensure devenait la norme. 

Dans d’autres classes, l’enseignement de la biologie de la mécanique de la reproduction sexuelle était rendu compliqué par certains élèves particulièrement pudibonds. Alors pour éviter les soucis, certains enseignants préféraient laisser de côté une partie de la matière. Entre la conception du corps portée par la civilisation française et celle portée par un certain islam, il y avait contradiction. Naturellement, c’est la France qui pliait chez elle.

On avait aussi retenu que l’enseignement de la Shoah était de plus en plus difficile en ces quartiers islamisés. Pour certains jeunes, la Shoah était un mensonge ! Pour d’autres, le rappel de la Shoah consistait à accorder un privilège à la souffrance des Juifs et l’enseigner relevait d’une forme de discrimination positive à leur endroit. 

Tout cela n’annonçait rien de bon. On l’a constaté en 2015 quand dans de nombreux lycées, plusieurs « jeunes » refusèrent la minute de silence pour les journalistes de Charlie Hebdo, victimes d’un attentat islamiste. Ces journalistes avaient transgressé le tabou des tabous en caricaturant Mahomet, et ils devaient payer pour leur audace. À tout le moins, ils ne méritaient pas la moindre larme. 

En d’autres mots, devant une jeunesse se réclamant d’une autre mémoire que la mémoire nationale et occidentale, et surchargeant symboliquement certains mots et certains enseignements, il devenait de plus en plus difficile d’enseigner librement, de transmettre un savoir, de transmettre des connaissances, sans verser dans l’offense. 

Ces jeunes ne voulaient pas entendre ces propos qui les vexaient. Probablement y voyaient-ils autant de micro-agressions ?

La situation était connue. Les rapports et les livres pour la dénoncer se sont multipliés au fil des ans. De temps en temps, la classe politique et les médias dénonçaient cette situation inacceptable. Puis la situation continuait de pourrir à l’abri des projecteurs. 

Inimaginable

Et ceux qui rappelaient la gravité de la situation étaient traités de polémistes alarmistes, peut-être racistes, et de complices de l’extrême droite. On les accusait de diviser la société, de stigmatiser les minorités.

Puis l’attentat de Conflans-Sainte-Honorine a obligé la France à constater que le réel ne disparaît pas même si on ne le regarde plus. 

Heureusement, tout cela est impossible chez nous. Peut-on imaginer des jeunes décider de la matière qu’on leur enseigne, et pousser à la censure les professeurs qui transgressent leurs tabous ? Non, c’est inimaginable. 

N’est-ce pas ?

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