Mathieu Bock-Côté Samedi, 11 avril 2020 05:00 - Le Québec d’après la pandémie ne sera pas tout à fait comme celui d’avant.
La situation que nous traversons ne se dissipera pas d’un coup, comme un mauvais rêve.
https://www.journaldemontreal.com/2020/04/11/pour-le-meilleur-et-pour-le-pire
Nous serons transformés, pour le meilleur et pour le pire.
Commençons par le meilleur : le Québec cherchera à renouer avec une certaine autonomie économique. La mystique de la mondialisation en prend pour son rhume.
Autonomie
L’autosuffisance alimentaire redeviendra un objectif vital. De même, le Québec cherchera à se réindustrialiser dans les secteurs stratégiques. Il ne saurait tolérer une dépendance abusive à l’étranger.
La crise nous l’aura appris : une des grandes forces du peuple québécois est son incroyable cohésion collective quand frappe la crise. Notre petite nation tricotée serrée sait s’unir. Cette capacité de rebond nous rappelle à quel point avoir une identité collective enracinée est une force indéniable.
Il se pourrait que l’idéal du « maîtres chez nous » renaisse. Nous constatons en direct que nous réussissons à nous organiser nous-mêmes, et que le lien fédéral est une laisse qui nous étouffe. Nous sommes capables d’être autonomes.
Poursuivons maintenant avec le pire. Parce que nous ne sortirons pas indemnes de cette pandémie. Le retour à la normale aura l’air d’un retour à l’anormal. L’épreuve économique sera réelle. Il suffit de penser à tous ceux qui vivent d’une paye à l’autre, et que l’actuelle situation écrase. Jamais la solidarité n’aura été aussi importante.
Économie
Autre élément : il sera particulièrement difficile de retrouver au jour le jour la confiance en notre voisin et à ne pas voir en lui un zombie contaminateur.
Les petites habitudes conviviales qui font la beauté de la vie seront assez difficiles à retrouver. C’est avec elle, peu à peu, à tâtons, que nous devrons renouer. Il faudra retrouver la chaleur de l’accolade, la douceur de l’embrassade. Mais pour l’instant, nous nous contentons d’en rêver.