Gros gaspillage chez Hydro-Québec - Michel Girard

Michel Girard Michel Girard Mardi, 23 avril 2019 05:00

Alors qu’elle est aux prises avec d’énormes surplus d’électricité, Hydro-Québec a dépensé en 2018 la somme de 1,27 milliard $

https://www.journaldemontreal.com/2019/04/23/gros-gaspillage-chez-hydro-quebec

pour acheter l’électricité produite par les producteurs indépendants de parcs éoliens et de petites centrales hydroélectriques.  

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Pourquoi Hydro gaspille-t-elle autant d’argent?  

Parce que son actionnaire unique, le gouvernement du Québec, l’oblige d’acheter toute cette électricité des producteurs indépendants afin de donner suite aux engagements politiques des précédents gouvernements de Jean Charest, Pauline Marois et Philippe Couillard.  

PRIX EXORBITANT  

Imaginez-vous qu’Hydro doit acheter cette électricité à un prix étant jusqu’à cinq fois plus élevé que ce qu’il lui en coûte pour produire elle-même l’électricité.  

Qui profite de cet énorme gaspillage aux mains des producteurs indépendants ? Les voici :  

  •  41 parcs éoliens : 1,05 milliard $     
  •  7 petites centrales hydroélectriques : 39 millions $   
  •  8 centrales de cogénération à la biomasse et 4 au biogaz : 187 millions $   

Et comble de gaspillage, mes collègues Marie-Christine Trottier et Pierre Couture rapportaient la semaine dernière qu’Hydro allait devoir acheter de l’électricité de trois nouveaux projets de petites centrales hydroélectriques .  

Ce qui rapporterait aux producteurs indépendants de ces trois nouvelles minicentrales la somme de 460 millions $ sur 20 ans, soit 23 millions $ par année.  

Pourquoi donne-t-on le feu vert à la réalisation de ces projets alors que le nouveau gouvernement Legault avait récemment bloqué le projet éolien Apuiat sur la Côte-Nord ?  

Parce que les trois projets de petites centrales hydroélectriques sont reliés au programme d’achat d’électricité, lancé en 2009 par le gouvernement de Jean Charest dans une perspective de développement régional.  

Et comme des avis d’acceptation des projets avaient été émis, Hydro-Québec a l’obligation de respecter les engagements pris dans le cadre de ce programme.  

Dans le passé, François Legault voulait stopper les projets de petites centrales.  

PRÉCÉDEMMENT  

Hydro-Québec n’en est pas à un gaspillage près.  

En 2012, Hydro avait procédé à la fermeture de la centrale Gentilly-2. La radiation de cet actif lui avait coûté 1,9 milliard $.  

Précédemment, soit en 2007, Hydro avait accepté de verser un peu plus de 2 milliards $ en guise de compensation pour la fermeture de la centrale au gaz naturel de Bécancour, de la pétrolière albertaine TransCanada. Cette compensation pour de l’électricité non achetée à TransCanada est échelonnée jusqu’en 2026.  

L’AVENIR  

Les coûteux premiers contrats d’achat d’électricité éolienne viennent à échéance à partir de 2026.  

D’ici ce temps-là, est-ce qu’Hydro sera encore aux prises avec d’importants surplus énergétiques qui l’obligent à déverser annuellement l’équivalent de 10 térawattheures (TWh) d’eau de ses grands réservoirs ?  

La question est d’autant importante qu’à eux seuls ces surplus énergétiques d’Hydro génèrent une perte de revenus potentiels estimés à plus de 700 millions $ par année.  

Si les surplus persistent, hâte de voir si Hydro sera encore forcée par le gouvernement à subventionner pour un autre 20 ans les producteurs indépendants d’éoliennes.  

Remarquez qu’avec les 6 milliards $ de revenus (dividendes, taxes, surtaxes, redevances, etc.) que le gouvernement du Québec empoche annuellement avec Hydro, le gaspillage attribuable aux inutiles achats d’électricité des producteurs indépendants ne semble aucunement l’inquiéter.  

Une petite taxe sur le gaspillage hydroélectrique avec ça?  

Ne riez pas, Québec en est bien capable!  

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