Pierre Martin
La politisation à outrance de tout ce qui entoure la pandémie de COVID-19 chez nos voisins est l’obstacle numéro un à un retour à la normale.
Après avoir été l’un des pires foyers d’infection au monde en 2020, avec plus de 600 000 morts, les États-Unis semblaient se reprendre avec une campagne de vaccination d’une efficacité étonnante.
Le variant Delta est en train de tout gâcher et son meilleur allié est la polarisation politique. Tout n’est pas sans espoir, mais la tournure de la pandémie chez nos voisins comporte des leçons qu’on ne peut pas ignorer.
L’administration Biden prise de court
Peut-on vraiment blâmer l’administration de ne pas avoir anticipé la propagation rapide du variant Delta ? En rétrospective, l’assouplissement des directives fédérales au début de l’été était peut-être prématuré.
Après une campagne de vaccination exemplaire qui a plus que doublé ses cibles initiales dans les premiers mois, les États-Unis confrontent une pénurie de bras à vacciner. Si la vaccination va moins bien qu’ailleurs, c’est d’abord à cause de la réticence de larges portions de la population qui n’ont pas confiance aux pouvoirs publics.
Ce n’est pas seulement une question partisane. Parmi les groupes minoritaires qui lui sont favorables, Biden tarde à vaincre la résistance au vaccin. Il suffit de voir les ennuis politiques que lui cause sa décision de rendre quasi obligatoire le vaccin pour les employés fédéraux pour comprendre qu’il peut difficilement aller plus loin par lui-même.
Le principal obstacle politique à la lutte à la pandémie se trouve ailleurs.
Un virus de plus en plus républicain
Il est clair que la résistance à la vaccination et aux autres mesures de contrôle est beaucoup plus importante parmi les républicains.
La carte des ravages entraînés par le variant Delta ressemble à s’y méprendre à celle des appuis à Donald Trump. Des millions de conservateurs américains, au nom de la sacro-sainte liberté individuelle, s’opposent à la vaccination et aux masques par pure partisanerie.
Très peu de républicains osent confronter cette résistance de leur base partisane, à commencer par Donald Trump et son dauphin, le gouverneur de la Floride Ron DeSantis.
Des pistes de solution
Dans le climat politique actuel, les solutions ne viendront probablement pas du sommet.
Certains individus perçoivent les ravages du variant Delta et changent d’idée sur la vaccination. Des élus républicains locaux commencent aussi à contredire leurs leaders.
Plusieurs institutions et entreprises adoptent déjà des mesures comme le passeport vaccinal. Les forces du marché agiront aussi lorsque les assureurs forceront ceux qui refusent la vaccination à assumer le plein prix des charges qu’ils imposent à l’ensemble du système de santé.
Si la partisanerie républicaine fait obstacle à la mise en échec du coronavirus, les voies de solution semblent se trouver dans des valeurs auxquelles les républicains croyaient jadis : le gros bon sens individuel, l’initiative locale, la libre action des entreprises et les forces du marché. Reste à voir s’ils y croient encore.
