Rémi Nadeau Samedi, 21 mars 2020 05:00
Jusqu’ici, François Legault a joué à merveille son rôle d’homme d’État en temps de crise.
https://www.journaldemontreal.com/2020/03/21/legault-en-plein-controle
Il le doit assurément à sa personnalité, mais son équipe n’a pas lésiné sur sa préparation, lui assurant même les services d’une psychologue pour le guider.
Flanqué du directeur national de la santé publique, Horacio Arruda, et de la ministre de la Santé, Danielle McCann, le premier ministre s’adresse aux Québécois tous les jours depuis la fin de la semaine dernière.
La plupart du temps, pour leur apprendre de mauvaises nouvelles. Hausse inévitable du nombre de cas d’infection au virus, mesures draconiennes pour limiter la propagation. En cette période trouble, la population attend ce rendez-vous quotidien dans un mélange d’espoir et de crainte.
Les citoyens sont suspendus aux lèvres du premier ministre, qui annonce la fermeture des écoles, la fin des rassemblements, jusqu’aux soupers entre amis dans les maisons.
Le ton et les paroles doivent être soupesés.
C’est pourquoi le bureau du PM a fait appel à la psychologue Sonia Lupien, directrice du Centre d’études sur le stress humain, pour l’assister dans sa préparation.
Ne pas générer d’angoisse
« On la consulte sur l’impact de ce qu’on a à dire, et sur la façon dont on le dit pour susciter le moins d’angoisse et de détresse possible », a résumé une source présente dans la cellule de crise constituée depuis la semaine dernière.
Ainsi, la professionnelle est contactée avant, et même après les points de presse, afin de faire l’évaluation du message.
François Legault n’a pas eu à être « transformé », car, visiblement, il a conservé la même attitude, à la fois ferme et empathique, qu’il avait affichée lors de la gestion des inondations. Le chef caquiste a maintenu sa proximité avec les Québécois et il fait mouche.
Par contre, cette assistance n’est pas futile, notamment « pour le choix des mots », explique-t-on.
Discret
Son entourage reste malgré tout discret sur sa routine, si tant est qu’il puisse y avoir une routine en ces temps troubles.
Certains aménagements sont faits pour qu’il puisse tenir le rythme – pas de rencontre tard le soir, par exemple.
Puis, le mot a été passé aux autres ministres de ne pas faire de sorties publiques, pour éviter des incohérences dans les messages du gouvernement en cette période critique.
Avec raison, un seul canal officiel a été créé, par la voix du premier ministre et du sympathique Dr Arruda.
Les équipes du directeur de la santé publique et du bureau du PM ont constitué au fil des jours une seule armée. Elles ne se connaissaient pas vraiment, mais elles ont appris à travailler côte à côte. Horacio Arruda a pratiquement élu domicile dans l’édifice Honoré-Mercier, qui abrite les bureaux du premier ministre.
Enfin, Justin !
À travers les longues journées et une mer d’imprévus, les décisions finalement prises par le gouvernement fédéral cette semaine ont été accueillies avec « soulagement » dans l’équipe de François Legault.
Il devenait de plus en plus intenable de demander autant de sacrifices aux Québécois, alors que des vacanciers étrangers circulaient librement dans nos rues. Que le chemin Roxham demeurait la passoire que l’on connaît.
La franche collaboration des partis d’opposition constitue aussi une bouffée d’air frais dans ces jours autrement plutôt oppressants.
Par exemple, une employée du chef intérimaire du Parti libéral du Québec a signalé une situation gênante à l’équipe du premier ministre. Des employés de la SAQ avaient demandé à voir les cartes d’identité de têtes grises dans une succursale pour s’assurer qu’elles avaient moins de 70 ans !
Dans d’autres circonstances, elle se serait empressée de rédiger un communiqué de presse pour faire mal paraître le gouvernement.
Tout n’est pas parfait. Il est encore trop difficile, notamment, d’obtenir un rendez-vous de dépistage pour les personnes qui souffrent de symptômes s’apparentant à ceux de la COVID-19.
Mais le capitaine paraît en plein contrôle...