Richard Martineau Samedi, 3 octobre 2020 05:00 : Ainsi, le PLQ a bloqué une motion du PQ exigeant des excuses du gouvernement canadien pour l’arrestation sommaire de 497 Québécois durant la crise d’Octobre.
https://www.journaldemontreal.com/2020/10/03/honte-au-plq
Pour quelle raison ?
Parce que la motion telle que déposée par le PQ « ne mentionnait pas que cette vague d’arrestations avait été précédée d’attentats à la bombe et de deux enlèvements », précise Dominique Anglade en point de presse.
LE PATINAGE DE MADAME ANGLADE
« Donc, vous trouvez que ces arrestations étaient justifiées ? » lui demande Patrick Bellerose du Journal de Québec.
Réponse de la chef du PLQ : « Euh... Nous... Nous allons revenir avec notre propre motion la semaine prochaine... »
Ce n’est pourtant pas compliqué.
Ou les arrestations de ces citoyens qui n’avaient strictement rien à se reprocher n’étaient pas justifiées — et alors, le gouvernement fédéral doit présenter ses excuses au plus sacrant (surtout que Justin adooooooore s’excuser).
Ou Ottawa n’a pas à présenter ses excuses, car ces arrestations étaient justifiées.
Il n’y a pas d’entre-deux.
Madame Anglade a beau avoir fait du patin artistique afin d’esquiver la question fort pertinente de mon collègue, en refusant d’appuyer la motion du PQ comme elle l’a fait, elle a dit (sans avoir le courage de le dire) que le gouvernement fédéral avait raison de permettre aux policiers d’arrêter et d’enfermer qui ils voulaient sans avoir de mandat de perquisition et sans porter d’accusations.
Vous habitez une zone rouge et vous vous demandez quoi faire ce week-end, étant donné que les cinémas, les salles de spectacle et les restos sont fermés ?
Un conseil : regardez Les ordres, de Michel Brault. Avec vos enfants. (Et Dominique Anglade, qui ne l’a visiblement jamais vu.)
Ce film magistral, qui a remporté le prix de la mise en scène au Festival de Cannes, qui a été restauré grâce au projet Éléphant de Québecor et que vous pouvez louer sur illico ou sur AppleTV, raconte justement ce qui s’est passé au lendemain de l’adoption — en pleine nuit, of course — de la loi des mesures de guerre.
LA RAFLE
Tout ce que Michel Brault nous montre dans ce film est vrai.
Son scénario se base sur les témoignages d’une cinquantaine de personnes qui ont été arrêtées lors de cette rafle.
C’est tout simplement horrible.
On a l’impression de regarder un documentaire sur des exactions commises dans une république de bananes d’Amérique du Sud.
Ou au Chili sous Pinochet.
Vous penchiez trop à gauche ? En dedans ! Trop souverainiste ? En dedans ! Trop actif dans votre syndicat ? En dedans ! Trop critique du maire Drapeau ? En dedans !
On a même annoncé à un des prisonniers qu’on allait l’exécuter.
On l’a descendu dans le sous-sol de la prison, on l’a mis dos au mur et on a tiré dessus... à blanc.
Je vous parle de ce film (interprété par des acteurs géniaux — Jean Lapointe, Claude Gauthier, Hélène Loiselle, Louise Forestier, Guy Provost), et j’ai des frissons.
Et madame Anglade a refusé d’exiger des excuses d’Ottawa ? Alors que cette page d’histoire est l’une des plus sombres de notre pays ?
UN GROS PARTI EQUALITY
On a tous compris pourquoi le PLQ a refusé d’appuyer la motion du PQ.
Pour ne pas faire de peine à sa base anglophone.
Honte à vous, Madame Anglade.
Shame on you.