Richard Martineau Mercredi, 13 novembre 2019 05:00 ; « J’aurais dû prendre plus de temps... »
https://www.journaldemontreal.com/2019/11/13/en-faire-moins-mais-le-faire-bien
C’est ce que le ministre Simon Jolin-Barrette, l’air contrit — pour ne pas dire déconfit — disait aux journalistes hier concernant sa réforme ratée du Programme Expérience Québec.
Il aurait dû prendre son temps pour mieux la peaufiner.
PÉDALE DOUCE
C’est ce qu’on aurait envie de dire au gouvernement Legault : prenez votre temps ! Pourquoi vous énervez-vous de la sorte ? Vous n’avez pas un pistolet sur la tempe, vous venez d’être élu, il vous reste encore trois ans !
Comme disait Paul Larocque à LCN la semaine dernière : « À propos des immigrants, François Legault disait qu’il fallait en prendre moins pour en prendre soin. De même, son gouvernement devrait peut-être en faire moins, mais le faire bien. »
Vous vous rappelez ce que les journalistes disaient de Nicolas Sarkozy lors de son premier mandat ?
Qu’il était partout et nulle part à la fois. Qu’il confondait les verbes « s’agiter » et « agir ».
Or, ce n’est pas parce qu’on s’affaire qu’on fait avancer les choses.
« S’affairer : s’occuper de quelque chose avec une activité voisine de l’agitation. »
« Agitation : animé de mouvements en tous sens, état d’une personne en proie à des émotions et à des impulsions et qui ne peut rester en repos. »
On a l’impression que François Legault veut profiter du fait que les trois autres partis se cherchent pour passer le plus de lois et de réformes possibles.
Même ses députés disent que la cadence est trop rapide et qu’ils sont en train de péter au frette !
LA DOCTRINE ELVIS
Monsieur Legault, de grâce, levez le pied de l’accélérateur !
L’important n’est pas que les choses soient faites rapidement, mais qu’elles soient bien faites.
Oui, les Québécois en ont ras le bol des gouvernements qui parlent, qui jasent, qui pérorent, mais ne font rien.
Comme le chantait Elvis : « A Little Less Conversation, A Little More Action ! »
Mais on veut aussi que vos projets soient peaufinés. Et pas rédigés à la va-vite sur le coin d’une table — comme ce fut vraisemblablement le cas avec votre réforme du PEQ et votre test des valeurs.
Cela dit, de là à affirmer que monsieur Jolin-Barrette devrait démissionner, comme certains le réclament, il y a un pas...
C’est rendu un sport national, au Québec : dès que quelqu’un commet une erreur, on exige son renvoi.
On est comme la Reine de cœur dans Alice au pays des merveilles : « Qu’on m’apporte sa tête ! »
Si j’étais le PQ, le PLQ ou QS, je me garderais une petite gêne.
Le PQ se cherche tellement qu’il songe à changer de nom.
Le PLQ est encore pris dans ses vieux scandales malodorants (trois de ses collecteurs de fonds viennent d’être lavés de tout soupçon alors qu’ils trempaient dans « le plus gros scandale immobilier de l’histoire du pays », selon un ex-enquêteur de l’UPAC).
Et QS n’est même pas capable de mettre au pas sa députée en coton ouaté.
Alors...
Les trois partis d’opposition ne sont pas, disons, dans la meilleure position possible pour faire la leçon au gouvernement...
L’ÉTREINTE MOLLE
Qui embrasse trop mal étreint, dit le proverbe.
À la CAQ, on embrasse beaucoup.
Largement.
Goulûment.
Mais on étreint mollement.
On devrait peut-être troquer la quantité pour la qualité.