L’écœurantite aiguë - Richard Martineau

Richard Martineau Mardi, 22 septembre 2020 05:00 : Ça y est. Je suis rendu là. Je suis écœuré de la COVID. Ça me sort par les oreilles.

https://www.journaldemontreal.com/2020/09/22/lecurantite-aigue

J’entends le mot, et une incroyable lassitude m’envahit.

Avouez que pour un gars qui travaille dans le milieu des médias, je suis mal barré.

C’est comme si j’étais végétalien et que je travaillais dans un abattoir. 

LA BÊTE EST TOUJOURS LÀ

Pourtant, je vais encore en parler. À QUB radio, à LCN et ici.

Pourquoi ?

Parce qu’on a beau en avoir ras le pompon, la pandémie, elle, est toujours là. 

Non seulement ça, mais elle se nourrit de notre écœurement !

Plus on va être tannés d’en entendre parler, plus on va l’ignorer, plus on va se comporter comme si elle n’était plus là, et plus elle va prendre des forces et plus longtemps elle va nous emmerder.

Alors on n’a pas le choix.

Faut prendre le taureau par les cornes et en parler. Encore et encore et encore.

Vous pensez que ça nous fait triper, nous, journalistes, de toujours parler de la maudite COVID ?

Vous pensez que Pierre Bruneau, Sophie Thibault et Jean-François Guérin tripent de dire le mot « COVID » toutes les 20 secondes ?

Non. Ils sont aussi tannés que vous et moi.

Eux aussi, ça leur sort par les oreilles.

Ils voient un dessin d’arc-en-ciel et ils ont envie de défoncer le décor de leur studio à coups de masse.

Mais que voulez-vous, la COVID est là. Ne pas en parler, c’est comme demander à Brigitte Bédard de ne pas prononcer le mot « neige » en février.

LA LOI DE LA SAUCISSE

J’ai un secret pour vous. Approchez, je vais vous le chuchoter dans l’oreille.

Vous êtes tannés de la COVID ? Vous avez hâte que cette maudite pandémie crève la bouche ouverte, comme un militant prodémocratie de Hong Kong sous les roues d’un tank chinois ?

J’ai un maudit bon truc pour vous.

Respectez les consignes.

Plus les gens vont les respecter, moins longtemps cette maudite bête va nous faire suer. 

C’est aussi simple que ça. 

Il n’en tient qu’à vous.

C’est ça, la logique du virus.

Plus on est tannés, plus le virus se propage. Plus il se propage, plus on est tannés.

C’est le principe des saucisses Hygrade, mais sur l’acide. 

Vous savez comment on a réussi à juguler l’avancée du sida, dans les années 1980 ?

En portant un préservatif. 

Ce n’est pas agréable. Aucun homme n’aime enfiler un imperméable sur son Popeye quand il pratique son jogging horizontal. 

Mais il faut ce qu’il faut.

On a martelé le message jusqu’à ce qu’il entre dans la tête des gens.

(En fait, pas vraiment dans la tête, mais, bon, vous voyez ce que je veux dire...)

Eh bien, c’est ce qu’il faut faire avec le maudit virus. 

Répéter. Encore et encore.

Sans s’arrêter.

Même si on est aussi écœurés que Ricardo devant un ragoût de pangolin ou une brochette de chauve-souris. 

YO, LE JEUNE !

Et pour sensibiliser les jeunes, il n’y a qu’un moyen.

Leur faire entendre les témoignages de jeunes qui l’ont attrapé et qui n’ont pas trouvé ça drôle.

Pas leur montrer un vidéo de rappeurs qui chantent : « T’en as plein le casque ? Ben, mets ton masque ! »

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