Richard Martineau Samedi, 28 mars 2020 05:00 :C’est mon ami Fred qui m’a demandé ça l’autre jour.
https://www.journaldemontreal.com/2020/03/28/comment-va-votre-hamster
« Comment va ton hamster, Richard ? T’empêche-t-il de dormir ?
— Ouf, pas toujours, mais certains soirs, oui. Avant-hier, il n’arrêtait pas de courir dans sa roue. Ça faisait un bruit d’enfer, je me suis endormi vers 4 heures du matin... »
LA DOUCEUR DE LA BÊTISE
Et vous, il va comment, votre hamster ?
Se met-il aussi à courir dès que vous posez votre tête sur l’oreiller ?
Car nous avons tous un hamster dans la tête, ces temps-ci.
Normal.
Comment ne pas angoisser devant tout ce qui se passe ?
Le taux de chômage qui grimpe en flèche, les montagnes russes de la Bourse, l’insouciance de Trump, les nouvelles inquiétantes qui nous viennent d’Europe (la Roumanie qui ferme ses hôpitaux, car il y a trop de médecins infectés, l’Italie qui enregistre 1000 décès en 24 heures)...
En fait, ce sont les gens qui n’angoissent pas qui m’inquiètent.
Ils ne lisent probablement pas les journaux, n’écoutent ni la télé ni la radio...
On dira ce qu’on voudra, ça doit être quand même agréable d’être con, non ?
Totalement déconnecté de la réalité. Te balançant doucement dans le hamac de ton ignorance, les yeux fixés sur un écran diffusant une sitcom insipide, ne te rendant pas compte que l’avion qui te transporte fonce vers un gratte-ciel, sourd aux cris de tes voisins de rangée...
Te disant, bof, ça va revenir, pas besoin de paniquer, pourquoi tout le monde panique ?
UNE MASSE NOMMÉE ROMEO’S GIN
Eh bien, moi, je l’avoue, j’aimerais être calme, cool, flegmatique devant la crise comme John Wayne devant une horde de Sioux, mais je ne le suis pas.
François Legault, Horacio Arruda et Danielle McCann ont beau me répéter tous les jours à 13 h que tout va bien, qu’on est prêt et qu’on a les choses bien en main, je regarde les travailleurs de la santé péter au frette, l’Hôpital juif incapable de répondre à la demande et nos réserves de masques se vider, et je suis inquiet.
Alors, oui, certains soirs, mon hamster, je l’assomme.
Avec des bouteilles d’élixir achetées à la SAQ.
D’ailleurs, merci aux employés de la SAQ et de la SQDC. Comme un spécialiste des dépendances l’a dit au micro de Sophie Durocher à QUB radio cette semaine, le produit que vous vendez est aussi nécessaire que des antidépresseurs. Je ne dis pas qu’il faut devenir un peuple d’alcoolos, calmez-vous, monsieur Hubert Sacy ! Mais quand ton hamster n’arrête pas de courir, un moment donné, t’as pu le choix.
Faut que tu sortes la masse et que tu lui en sacres un bon coup entre les deux yeux.
YOGI L’OURS
Cela dit, faut pas se décourager.
S’il y a un endroit où, si j’étais étranger, j’aimerais être, ces temps-ci, c’est au Québec.
Justin Trudeau nous a empêchés de réagir aussi vite qu’on l’aurait voulu, mais bon, on s’est quand même super bien débrouillés, grâce au gouvernement caquiste et aux partis d’opposition qui ne lui mettent pas inutilement les bâtons dans les roues.
Il m’énerve, mon hamster.
Mais si je vivais ailleurs qu’ici, ce n’est pas un hamster que j’aurais entre les deux oreilles.
C’est un ours.