Richard Martineau Samedi, 6 février 2021 05:00 : Le 4 août 1970, alors que Charles Manson subissait son procès pour les meurtres sauvages de la comédienne Sharon Tate
https://www.journaldemontreal.com/2021/02/06/profilage-racial-le-derapage-de-valerie-plante
et de sept autres personnes, le président Richard Nixon a prononcé un discours sur la loi et l’ordre, dans lequel il accusait les médias de présenter les criminels comme des héros.
« Pendant mon séjour en Californie, j’ai suivi les comptes rendus de presse du procès Manson, qui s’étalaient tous les jours à la une des journaux et dans les pages intérieures.
« Voilà un homme qui est coupable de huit assassinats commis sans raison et qui, cependant, est présenté comme un héros. Ses avocats, coupables d’une attitude inqualifiable à l’égard de la magistrature, sont présentés comme des victimes tandis que le juge passe pour un bourreau... »
PROFILAGE RACIAL ?
Le hic est que le président déclarait Manson coupable... alors que le procès n’était même pas terminé !
Cette gaffe a failli faire dérailler le procès...
En effet, dès qu’ils ont eu connaissance de cette déclaration, les avocats de Manson ont déposé une demande de non-lieu, estimant que leur client ne pouvait plus obtenir un procès équitable.
Nixon a dû rectifier le tir et dire que Charles Manson était ACCUSÉ de huit crimes...
J’ai tout de suite pensé à cette histoire quand j’ai entendu la mairesse de Montréal, Valérie Plante, affirmer que Mamadi III Fara Camara était « innocent » de l’attaque contre l’agent Sanjay Vig et laisser sous-entendre qu’il avait été victime de profilage racial, lorsque personne au Québec ne savait encore exactement ce qui s’était passé.
Dire que monsieur Camara — qui, au moment de la sortie de la mairesse, était encore considéré comme un « suspect important » par le SPVM — était innocent est une chose.
Nous vivons dans un État de droit et tout citoyen est effectivement considéré comme innocent jusqu’à preuve du contraire.
Surtout lorsque les accusations qui pesaient sur lui ont été abandonnées !
Mais laisser sous-entendre que monsieur Camara avait fait l’objet de profilage racial ?
Comment la mairesse peut-elle sous-entendre ce genre de choses ?
Qui nous dit que les policiers qui ont arrêté monsieur Camara n’auraient pas réagi de la même façon si le suspect avait été blanc ?
UNE QUESTION EXPLOSIVE
Je ne dis pas que le profilage racial n’existe pas au Québec. Mais au moment où Valérie Plante a fait sa déclaration (une déclaration qui a été perçue comme un couteau planté dans le dos du SPVM), rien ne prouvait que monsieur Camara avait bel et bien été victime d’une telle pratique.
Quand un des leurs se fait attaquer, les policiers, on le sait, font bloc et leur sang ne fait qu’un tour.
Ils voient rouge. Leur colère est telle qu’elle peut les amener à tourner les coins ronds — que la personne qui se retrouve dans leur collimateur soit blanche ou noire.
La question du profilage racial est une question explosive.
Il faut l’aborder franchement, mais prudemment, en se gardant de voir du racisme partout.
Hier, en laissant sous-entendre que monsieur Camara a été arrêté et incarcéré parce qu’il était Noir, la mairesse de Montréal a jeté de l’huile sur le feu.
Et accroché une cible dans le dos de tous les policiers de Montréal.
Une sortie indigne du poste qu’elle occupe.