Richard Martineau Lundi, 7 décembre 2020 05:00
https://www.journaldemontreal.com/2020/12/07/ne-tirez-pas-sur-le-pompier
Le grand auteur-compositeur Stéphane Venne, très actif sur Twitter, a publié un message bien senti, l’autre jour.
« Des fois, j’ai l’impression qu’il y en a qui blâment le pompier pour l’existence de l’incendie... »
J’ai la même impression.
Des questions légitimes
C’est bien beau, poser des questions sur la gestion de la crise par le gouvernement.
Il faut s’en poser, c’est parfaitement légitime.
Pourquoi avoir dit au tout début de ne pas porter le masque ? Pourquoi avoir affirmé qu’il n’y avait pas de déplacements de personnel d’un CHSLD à l’autre alors qu’il y en avait ?
Pourquoi perdre notre temps à vouloir tester des tests de dépistage rapide qui ont déjà été homologués par Santé Canada ? Pourquoi le premier ministre minimise-t-il le rôle joué par les aérosols dans la propagation du virus ?
Non seulement ces questions doivent-elles être posées, mais elles vont être posées par les partis d’opposition en commission parlementaire.
Mais en même temps, modérons nos transports !
François Legault n’est quand même pas responsable de la crise actuelle !
Pensez-vous vraiment qu’il tripe de fermer les cinémas, les bars, les restos, les musées et les salles de spectacle ?
Qu’il se couche, le soir, en se disant : « Hé hé, j’ai encore foutu plein de gens sur le chômage, aujourd’hui ! »
Que le Dr Arruda et lui se sont fait des « high fives » après avoir annoncé qu’ils annulaient Noël ?
« On les a bien eus, ahahahah ! Une autre tartelette, Horacio ? »
Une société morcelée
Je comprends l’écœurement des gens.
Mais vous ne pensez pas que François Legault est écœuré, lui aussi ?
Ce n’est pas pour ça qu’il s’est lancé en politique ! S’il avait su ce qui l’attendait, je suis sûr qu’il serait resté peinard chez lui, à lire l’œuvre complète de Mathieu Bock-Côté (chacun des livres caché dans un tome de l’œuvre complète de Lénine, pour ne pas s’attirer la haine des bien-pensants)...
Pour reprendre l’analogie de Stéphane Venne, il y a une différence entre critiquer la façon dont le pompier tient son boyau d’arrosage, et le rendre responsable de l’incendie !
J’en parlais avec Mario Dumont à QUB radio, l’autre jour.
Depuis quelques années, chaque groupe de la société tire la couverture de son bord.
Regardez ce qui se passe quand nos ministres de l’Économie déposent un budget.
Ça ne fait pas deux minutes que la conférence de presse est terminée que tout de suite, tout ce que le pays ou la province compte d’associations, de syndicats, d’organismes et de corporations professionnelles font la file pour y aller de leurs doléances.
« Et nous ? Qu’est-ce qu’il y a dans ce budget pour nous ? Le gouvernement nous a oubliés ! Il n’y a rien dans ce budget pour l’Association des embouteilleurs de boissons gazeuses citron-lime ! »
Chaque groupe défend ses membres. Il n’y a plus de vision commune.
Idem pour les décisions concernant la COVID.
« Et nous ? Pourquoi nous sommes fermés, nous ? Qu’est-ce que le gouvernement a prévu pour nous ? Pourquoi nous devons fermer alors que tel et tel commerce peuvent ouvrir ? »
Dissonances
Pas évident pour un PM de diriger une société dans ces conditions.
C’est comme un directeur de chorale devant des chanteurs qui font des vocalises chacun de leur côté...