Richard Martineau Mercredi, 28 octobre 2020 05:00 : Hier, on soulignait les 25 ans du fameux « Love In » de Montréal.
https://www.journaldemontreal.com/2020/10/28/de-lamour-a-la-haine
Vous vous souvenez ? Des dizaines de milliers de Canadiens avaient traversé ce beau et grand pays pour venir nous dire qu’ils nous aimaient.
Tout ça, grâce à de généreux donateurs qui avaient la feuille d’érable tatouée sur le cœur – comme la compagnie Irving, qui avait mis des autocars à leur disposition, et Air Canada, qui leur avait vendu des billets d’avion à 10 % du prix.
De belles dépenses qui n’avaient pas été comptabilisées dans le budget officiel du camp du Non.
LE RÉVEIL DE ROMÉO
Alarmés par les sondages qui montraient le Oui gagnant, les Canadiens se sont soudainement pris d’un amour éperdu pour le Québec.
C’est fou ce que ça fait, une menace de divorce.
Soudainement, monsieur, qui jusque-là n’adressait la parole à bobonne que pour lui demander d’aller lui chercher une bière dans le frigo, se vide un flacon d’Aqua Velva derrière les oreilles, achète des fleurs de dépanneur à sa dulcinée et l’amène manger chez Da Giovanni.
« Tu sais que je t’aime, toi ? Oui, je t’aime, je t’ai toujours aimée ! »
Et une fois que madame, excitée par la résurrection de la momie qui lui tenait lieu de mari, appelle son avocat pour annuler son rendez-vous, le bonhomme retourne s’écraser dans son La-Z-Boy, un plat de Doritos entre les genoux.
Et voilà pour la grande séduction !
Maintenant, de retour aux affaires courantes.
« Hey, Francine, peux-tu aller me chercher une bière ? »
CHAQUE ÉPOQUE SES FREAK SHOWS
J’étais au « Love In » de Montréal.
Je n’aurais raté ça pour rien au monde.
Après la femme à barbe du parc Belmont, le Palais des nains de la rue Rachel et le squelette du Géant Beaupré trempant dans le formol : les matantes de Calgary qui débarquent pour nous frencher !
Chaque époque, ses freak shows.
Ça descendait par centaines des autobus. Avec des fleurs de lys plantées dans leur chapeau rouge.
J’ai passé l’après-midi à me faire faire des câlins par des inconnus.
On aurait dit les Shriners en congrès à Milwaukee.
« Love you ! Love you ! Stay in Canada ! »
Ne me quitte pas, il faut oublier, tout peut s’oublier, qui s’enfuit déjà, oublier le temps des malentendus, blablabla.
LE « HATE FEST »
Aujourd’hui, nos cousins du ROC ont viré boutte pour boutte.
S’ils le pouvaient, ils reprendraient l’avion pour venir nous cracher dans la figure.
« Fucking Frogs ! Racists ! »
Comme Matthew Green du NPD, qui a affirmé cette semaine que le Bloc défendait les suprémacistes blancs — tout ça, parce que Yves-François Blanchet, how terribly shocking, could you pass me a Maple Leaf cookie please, a osé prendre position pour la liberté académique.
Ils voulaient qu’on reste, ils rêvent maintenant qu’on parte.
Bof, si vous le demandez si poliment...
Paul St-Pierre Plamondon a raison d’être optimiste.
Les Canadiens nous détestent tellement qu’au prochain référendum, ils vont financer illégalement le camp du Oui !
Et si, malgré ces dons généreux, nous votons Non pour une troisième fois, deux jours plus tard, ils vont organiser leur propre référendum pour se séparer du Québec !
Que voulez-vous, c’est la vie.
En 25 ans, on est passé de jolie bergère à brebis galeuse.