Richard Martineau Jeudi, 8 octobre 2020 05:00 : Comme beaucoup de gens, vous avez probablement lu le message bouleversant qu’André Ducharme, ex-membre de RBO, a écrit au sujet de la mort de son père lundi.
https://www.journaldemontreal.com/2020/10/08/victimes-collaterales
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« La COVID 19, c’est un virus.
Mais c’est aussi des milliers de rendez-vous médicaux annulés.
Des centaines de malades admis à l’urgence sans aucun accompagnement.
Des gens qui sont décédés, seuls.
Ça a été le cas de mon papa.
Mon papa est décédé hier. Seul. Dans une urgence débordée, à cause d’un virus.
Mon père s’appelait Jean-Louis. Il ne méritait pas de mourir comme ça.
Alors les coucous qui prétendent que le virus et la 2e vague n’existent pas, Jean-Louis vous envoie chier. »
UNE SPIRALE DESCENDANTE
Le père d’André Ducharme n’est pas mort DE la COVID.
Mais il est mort À CAUSE de la COVID.
Il fait partie de ces victimes collatérales de la pandémie, dont nous parlons malheureusement trop peu.
Des malades qui n’ont pas reçu les soins qu’ils auraient dû recevoir – pas parce que le personnel n’est pas dévoué, mais parce que le système de santé est en train de péter.
On l’a dit et on va le redire jusqu’à ce que le message finisse par passer.
Les gens qui se foutent des consignes ne mettent pas seulement leur vie en danger.
Ils mettent la vie des gens qu’ils contaminent en danger, et ils mettent également en danger la vie des malades qui n’ont pas attrapé la COVID, mais qui ont besoin de soins de santé (rendez-vous, examens, etc.).
Est-ce si dur à comprendre ?
Il faut faire en sorte d’engorger le moins possible le système de santé !
Plus le système est engorgé, plus les préposés, les infirmières et les médecins sont fatigués, plus il y a de départs (ou de travailleurs de la santé qui doivent se confiner), plus le personnel qui reste est débordé, etc.
C’est une spirale qui nous tire tous vers le bas !
TI-JOE CONNAISSANT
Avant-hier, à QUB radio, j’ai discuté avec le docteur François Marquis, chef de service des soins intensifs à l’hôpital Maisonneuve-Rosemont.
« Le service de santé est à la veille d’atteindre le point de rupture, m’a-t‐il dit. Il suffit qu’un pourcentage des jeunes qui attrapent la COVID ces jours-ci se retrouvent à l’hôpital pour que le système craque. »
Il y a deux semaines, sur le site du Huffington Post, c’est une jeune médecin, Cynthia Lauriault, qui tirait le signal d’alarme.
« La vérité, c’est que comme plusieurs de mes collègues, j’ai la chienne. J’ai peur du orange, qui virera inévitablement au rouge, et de cette deuxième vague, dont on ne devine que le début.
J’ai peur de nous voir nous écrouler, un à un, sous son poids, faute d’être capables de le supporter. »
Le pire est que plusieurs personnes lisent ou écoutent ces messages, et haussent les épaules.
« Bof, ils exagèrent, il n’y a pas tant d’hospitalisations que ça... »
Hey, Joe ! Travailles-tu dans un hôpital, toi ? Es-tu sur le terrain ?
Es-tu médecin ? Infirmière ?
Non ?
Alors, FERME TA GUEULE !
Ce n’est pas quand le système va péter au frette qu’il va falloir agir !
C’est maintenant !
Tous ensemble !
Toutes nos condoléances, André.
On partage ta peine et ta colère.