La haine - Richard Martineau

Richard Martineau Dimanche, 31 mai 2020 05:00 - N’ayons pas peur des mots.

https://www.journaldemontreal.com/2020/05/31/la-haine

Ce qui s’est passé à Minneapolis lundi soir est un lynchage.

On n’a pas utilisé de corde, on n’a pas pendu la victime à la branche d’un arbre, comme on le faisait dans le sud des États-Unis jusqu’aux années 1950, mais c’est un lynchage pareil. 

On a pris un Noir et on l’a tué. Parce qu’il était Noir. 

JUSQU’EN ENFER

Je vois des gens dire « Oui, mais... » sur les médias sociaux. Désolé, il n’y a pas de « Oui, mais... »

Si vous dites « Oui, mais... » en regardant cette vidéo, vous avez un sacré problème. 

George Floyd n’a pas résisté à son arrestation.

Il n’y avait aucune raison pour que le flic l’immobilise comme il l’a fait pendant une dizaine de minutes, le genou droit pressé sur son cou.  

Ce n’est pas une arrestation qui a mal tourné. Ce n’est pas une bavure policière. 

C’est une agression raciste. Point. Qui s’est déroulée en direct sur Facebook. 

Et que fait le président pendant ce temps ?

Il bitche contre Twitter ! Parce que son média social préféré a osé signaler un de ses messages !

Et certains osent dire qu’il est apte à diriger le pays ?

D’accord, vous n’aimez pas les démocrates (moi non plus, en passant), mais... Vraiment ? Sérieux ?

Trump avait raison de dire que ses fans continueraient de l’appuyer même s’il tirait sur une personne au hasard, dans la rue...

Ces gens-là le suivraient aveuglément jusqu’en enfer.

Ce ne sont pas des partisans. Ce sont des apôtres, des adeptes.  

Leur haine viscérale des démocrates leur a fait perdre tout jugement.

LES ÉTATS-DÉSUNIS

Un virus pire que la COVID menace les États-Unis.

La haine. La rage. 

Elle s’immisce partout. Dans les débats publics, les médias sociaux. Les gens sont à cran. On a l’impression qu’il suffirait d’une étincelle, une seule, pour que tout explose.

Et qui joue avec des allumettes, dans son coin ?

Le Président !

Au lieu de tenter de rassembler son peuple (son pays s’appelle encore les États-UNIS, à ce que je sache ?), il exacerbe les divisions et prend plaisir à jeter de l’huile sur le feu.

Une caricature circule sur les médias sociaux. Trump déguisé en Néron pendant que son pays flambe. 

C’est en plein ça. 

Je parlais à Michel Barrette, l’autre jour. S’il y a un gars qui adore les États-Unis, c’est bien lui. 

Les mythes américains (la liberté, la route 66, Jack Kerouac, Kennedy, Easy Rider, James Dean, Marilyn, le Rat Pack, Johnny Carson, Mohammed Ali, Martin Luther King, les Beats, etc.), c’est son petit lait, son carburant, le sang qui coule dans ses veines. 

Je le sentais assommé. Abattu. Triste de voir ce que ses chers USA étaient devenus. 

DES IMAGES INSUPPORTABLES

Mon confrère Steve E. Fortin m’a dit qu’il a été incapable de regarder les images de l’arrestation de George Floyd. 

Je le comprends. C’est dur. Insupportable. 

Saviez-vous qu’avant, dans certains coins des États-Unis, on vendait des cartes postales montrant des Noirs pendus à un arbre ?

« Derrière chaque fortune, il y a un crime », disait Balzac.

Le crime des États-Unis, son péché originel, c’est l’esclavage, le racisme. 

Et cette tache souille toujours son drapeau.

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