Denise Bombardier Vendredi, 15 mai 2020 05:00 - On ne s’y habituera jamais. Jusqu’à quelles outrances peuvent aller les adversaires de la loi 21 sur la laïcité de l’État,
qui interdit les signes religieux pour quatre catégories de fonctionnaires incarnant l’autorité ?
https://www.journaldemontreal.com/2020/05/15/odieux-amalgame
Il est scandaleux de constater que des opposants sans scrupules sortent l’arsenal de guerre pour instrumentaliser la situation actuelle si tragique au Québec aux fins d’attaquer la loi 21.
Leurs arguments ne sont-ils pas l’expression d’un dédain larvé, une forme de mépris pour le Québec ? Se drapant dans un statut de « philosophes sociaux », des chroniqueurs au Devoir comme au Toronto Star ou ailleurs à travers le Canada font preuve d’indigence intellectuelle en assurant que le port du masque sanitaire, fortement recommandé dorénavant au Québec, est en contradiction avec la loi 21 sur les signes religieux.
Contradictions
La chroniqueuse du Devoir Francine Pelletier voit dans l’obligation de porter un masque « d’énormes contradictions vis-à-vis du port des signes religieux » interdits par la loi 21.
« On nous demande aujourd’hui de porter un masque pour des raisons de santé publique [...] et du légendaire “vivre ensemble” [...]. Comment le port de signes religieux, pourtant moins laids et souvent moins ostentatoires, enverrait-il un mauvais signal, le refus d’intégration dans la communauté d’accueil, et celui du port du masque, le signal contraire [...] ? »
Selon elle, la contradiction consiste à prétendre que les femmes voilées représenteraient une menace pour la société tandis que les travailleurs masqués dégageraient une image rassurante pour la société.
Or elle oublie ou elle feint d’oublier que le voile est un signe de l’inégalité entre les hommes et les femmes, une situation qui entre en conflit avec les valeurs distinctives d’un Québec laïcisé. Et faut-il ajouter que le masque sanitaire n’est pas réservé à un des deux sexes ? Il n’est donc aucunement discriminatoire.
Dans le Toronto Star du 21 avril, Tasha Stansbury publie, elle, un long papier pour dénoncer la prétendue hypocrisie des couvre-visage du Québec.
Elle s’insurge contre la discrimination envers les femmes portant le niqab dans les hôpitaux de Montréal qui doivent l’enlever, « supposément pour des raisons de sécurité », alors que les patients portant un masque sanitaire peuvent le garder. Encore une fois, il s’agit d’une charge contre la loi 21 qui est l’objectif d’un texte bourré d’erreurs factuelles par ailleurs.
Prétexte
Le combat contre la laïcité québécoise resurgit donc durant cette page tragique de notre histoire en se servant comme prétexte des injonctions du premier ministre sur le port du masque.
Il existe un climat délétère au Québec. Les morts et les souffrances vécues actuellement au pays n’arrêtent pas les militants aveuglés et les provocateurs qui succombent à une forme de québécophobie en usant de procédés indignes pour nous accabler davantage.
On doit donc affirmer sans répit notre manière de vivre au Québec malgré cette période de pandémie.
Certes, notre malheur collectif devra faire l’objet de critiques et de remises en cause de nos institutions lorsque nous serons arrivés au terme de notre calvaire. Entre-temps, rien ne nous est épargné par ceux qui nous enferment dans des stéréotypes malveillants et sournois.