Débat sur le vaccin: Trudeau joue avec le feu - Emmanuelle Latraverse

Emmanuelle Latraverse - En 2019, c’était l’avortement. En 2021, la vaccination obligatoire.

Le Parti libéral a trouvé son nouvel épouvantail contre les conservateurs.

Leur chef, Erin O’Toole, tente de tourner la page sur l’ère Harper. Pour recentrer son parti, il offre un conservatisme plus moderne, plus empathique, qui délaisse l’austérité budgétaire. 

Difficile de l’accuser d’être rétrograde quand il s’affiche pro-choix et pro-LGBTQ+.

Voilà l’entrée en scène du vaccin obligatoire pour les fonctionnaires fédéraux !

Justin Trudeau a une position tranchée. Erin O’Toole une position bien plus nuancée (le chef du Bloc québécois aussi d’ailleurs).

Peu importe, la stratégie des libéraux repose sur les impressions et non sur les faits. Au diable les conséquences.

Ping-pong électoral

Or, la vaccination obligatoire n’est pas simple. Elle touche une foule de droits fondamentaux enchâssés dans la Charte des droits et libertés.

En pleine croisade libérale, une lettre de la directrice des Ressources humaines de la fonction publique nous apprenait lundi que la vaccination obligatoire des fonctionnaires ne serait pas aussi obligatoire que ça. Ceux qui refuseraient de se faire vacciner devraient se soumettre à un dépistage régulier.

Le problème, c’est que c’est essentiellement la même position que celle du Parti conservateur !

Hop, la directive a disparu du site du gouvernement. 

Elle serait soudainement erronée, explique Justin Trudeau ! Le gouvernement voudrait réserver les accommodements à ceux qui ont une raison médicale de ne pas se faire vacciner. Pour les autres ? Il y aura des conséquences. Lesquelles ? Bien sûr, il ne le dit pas.

Opération partisane, plutôt que politique publique raisonnable. 

Et la Santé publique ?

Il faut se poser la question : en quoi est-ce que ce crêpage de chignon électoral rassure les Canadiens qui hésitent encore à se faire vacciner ?

Un récent sondage Abacus nous révélait que plus de la moitié sont des femmes de banlieue, soucieuses de leur alimentation, politiquement au centre. On est loin des complotistes délirants qui croient aux puces 5G.

Finalement, ce bras de fer électoral réconforte les 74 % qui ont rempli leur devoir, mais sans plus.

Pire, cette tactique alimente la confusion, nuit à tout effort de pédagogie et ne fait que polariser davantage le débat. On se croirait aux États-Unis.

L’exemple Legault

Bien sûr, le contraste avec le premier ministre François Legault est frappant.

Il confirme la vaccination obligatoire pour les travailleurs de la santé. Mais il réfléchit encore pour les enseignants et autres fonctionnaires. Les ramifications légales sont majeures. Il compte donc sur une commission parlementaire pour mener une réflexion sérieuse. 

Québec avance avec prudence, là où les libéraux à Ottawa foncent tête baissée.

D’ailleurs, François Legault a suspendu sa tournée des régions pour se concentrer sur la pandémie.

Le parallèle avec Justin Trudeau est éloquent.

L’un gouverne. L’autre sillonne le pays à la recherche de sa majorité. L’un fait la pédagogie du vaccin, l’autre l’exploite à des fins partisanes. 

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