L’inquiétude et l’impatience gagnent du terrain : Josée Legault

Josée Legault - À l’aube déjà d’une troisième année de pandémie, l’usure, l’inquiétude, l’impatience et même parfois la détresse gagnent inexorablement du terrain.

Ici comme ailleurs, le tsunami Omicron est tout simplement de trop.

À moins de faire l’autruche, les signes ne mentent pas. Pendant ce temps, les services en santé mentale se font aussi rares qu’un prix Nobel dans une manif antivax.

De plus en plus de gens, en raison de la nature même de leurs conditions de vie ou de travail, sont pourtant plus vulnérables à la détresse que d’autres.

Qu’on pense aux travailleurs de la santé et des services essentiels. Aux proches aidants, dont une majorité de femmes. Aux enseignants. Aux personnes vivant dans la solitude, chez elles ou en ressource d’hébergement.

Qu’on pense aux malades. Aux gens mal logés et peu nantis. Aux nombreuses personnes en situation de handicap intellectuel laissées sans activités ou socialisation depuis mars 2020, etc., etc.

Dans cette trop longue crise, la liste des laissés-pour-compte s’allonge de jour en jour. Des experts disent qu’il faut être optimiste malgré tout. Que toute pandémie prendra fin un jour.

Laissés-pour-compte

Très vrai. Le problème bien réel est toutefois que la proverbiale « lumière au bout du tunnel » s’est éloignée dès qu’on a cru l’apercevoir. 

Pour les laissés-pour-compte de la crise sanitaire, même dans nos sociétés riches, le prix à payer, dans tous les sens, est de plus en plus lourd.

Pour les gouvernements, dont celui du Québec, ce sont là des signaux d’alarme. Les ignorer trop longtemps est néanmoins très risqué. 

Il faut bien sûr garder espoir. C’est crucial. Il n’en reste pas moins que, pour plusieurs, la marmite déborde.

Au Québec, de surcroît, la 3e dose de vaccin se fait attendre plus longuement qu’ailleurs. Les tests de dépistage, PCR ou rapides, sont rarissimes. Les directives de la Santé publique du Québec, trop souvent confuses et retardataires, le sont même de plus en plus.

Parce qu’il était déjà en piètre état depuis longtemps, la pandémie fait aussi craquer de partout notre système de santé et de services sociaux.

Une autre crise se prépare déjà

Dans le réseau, les formules orwelliennes des derniers mois le rappellent brutalement. Vous les connaissez sûrement. 

Du genre « aucune disponibilité pour le moment » ; « les protocoles ont pourtant été suivis » ; « on attend encore les directives du ministère » ; « avez-vous les moyens d’aller au privé ? » « appelez donc le 811 à la place », etc.

Confrontés quotidiennement en pandémie à de nouvelles urgences — et préoccupés en même temps par les sondages d’opinion —, les gouvernements ne devinent pas encore tout à fait l’ampleur de la crise sociale qui, une fois la Covid maîtrisée un jour, nous pend par conséquent au bout du nez.

Encore plus au Québec, il faut le dire, parce qu’il est une société très vieillissante, dont le réseau de la santé était déjà ultra fragile. 

On dit pourtant que les plus grandes leçons sont servies aux populations et aux élus par les pires crises. On veut bien l’espérer. 

Encore faudra-t-il toutefois solidifier et humaniser à nouveau, et de beaucoup, nos services publics. En cela, le temps court. 

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